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A.VAN COP – EXTRAIT CATALOGUE

SURESNES

SURESNES

 

A.VAN COP – EXTRAIT CATALOGUE

24 PAGES

 L’îlot Duclaux est une enclave insalubre au cœur de la ville de Suresnes. Le dossier est complexe : copropriété atomisée, propriétaires dispersés voire inconnus, logements délabrés. La Ville décide de réhabiliter l’ensemble de fond en comble : un ambitieux programme mêlant logement social, pension familiale et même une galerie d’artisanat d’art finit par voir le jour.

Ce 24 pages raconte cette saga, à travers les interviews des principaux acteurs qui ont participé à l’aventure…

24 PAGES

 

 L’îlot Duclaux est une enclave insalubre au cœur de la ville de Suresnes. Le dossier est complexe : copropriété atomisée, propriétaires dispersés voire inconnus, logements délabrés. La Ville décide de réhabiliter l’ensemble de fond en comble : un ambitieux programme mêlant logement social, pension familiale et même une galerie d’artisanat d’art finit par voir le jour.

Ce 24 pages raconte cette saga, à travers les interviews des principaux acteurs qui ont participé à cette aventure…

EXTRAITS DE TEXTES

 

EXTRAITS DE TEXTES

Cécile Guillou est l’élue de Suresnes déléguée, entre autres missions, à la cohésion sociale et au développement durable. À ce titre, elle a suivi l’aventure du programme Duclaux dès ses débuts. Témoignage…

 

L’Îlot Duclaux, un enjeu de cohésions sociale ?
Tout à fait : à la mairie, nous avons une vraie politique de mixité sociale, à laquelle nous tenons fortement : nous sommes une commune bien équilibrée en termes de logement, avec 37% de logements sociaux. La réhabilitation de l’Îlot Duclaux, avec ses logements sociaux, était donc une mission importante pour nous.

Mais pourquoi une réhabilitation plutôt qu’une rénovation ?
En vérité, on travaille sur ce projet depuis une vingtaine d’années : ça a été une entreprise de longue haleine. Pour bien comprendre, il faut faire un peu d’histoire… Au début du 20eme siècle une petite résidence ouvrière est construite : c’est l’îlot Duclaux. Au fil du temps, elle périclite et elle finit par se trouver dans un état de délabrement très avancé… Donc, au début des années 1990, on se retrouve avec une copropriété en grande difficulté. La mairie décide de se saisir du dossier et s’implique fortement pour trouver une solution. Mais ça s’avère très compliqué : il est difficile de lancer un programme de réhabilitation vu l’état de l’ensemble et la dispersion des propriétaires. Décision est prise de reloger tous les occupants, puis de repartir de zéro. Mais attention : tout a été fait à dans les formes. Avec l’aide de Citallios, on a pris le temps nécessaire pour reloger tout le monde… Ce qui représente quand même plus de 70 ménages. Aux locataires, on a proposé des locations dans les logements sociaux de la ville. Quant à certains propriétaires, leurs biens étaient trop petits pour qu’ils puissent en acheter de nouveaux après les avoir vendus ; la ville a donc spécialement acheté et rénové un immeuble, dans lequel ils ont pu se réinstaller durablement.

Combien de logements sociaux va-t-il y avoir dans le nouvel ensemble ?
Nous allons avoir 89 logements sociaux, ce qui est un chiffre tout à fait respectable, mais aussi une pension de famille avec 26 logements.

Une pension de famille ?
Oui, une pension de famille : c’est une réponse forte à un besoin qui n’était jusqu’ici pas assez bien couvert à Suresnes. L’idée est de proposer des logements stables à des gens en fragilité. Dans cette pension, on trouve une salle à manger commune et une cuisine où les locataires peuvent se rencontrer. De plus, il y a un responsable qui gère la structure et qui est à l’écoute de chacun. Avec ce dispositif, on a désormais une large palette de solutions en matière d’offre sociale.

Vous avez aussi travaillé sur l’aspect environnemental ?
Absolument ; on a d’abord travaillé sur le bien vivre, avec la mixité d’usages de l’ensemble. Dans un même lieu, vous allez trouver, en plus des logements et de la pension : une galerie artisanale, un restaurant et même une promenade qui fait la liaison entre deux rues pour faciliter la circulation des piétons.
Avec l’Îlot Ducaux, on a un projet bien dans son époque, un projet qui pense développement durable. Les bâtiments sont à la fois beaux et conçus pour bien vieillir, avec des matériaux de qualité et des choix architecturaux ambitieux.

Pourquoi avoir créé une galerie artisanale ?
La chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts de seine a mis en évidence la grande difficulté des artisans à trouver des locaux de petites surfaces dans le département. Or, à Suresnes, on tient absolument à conserver ce pan important de notre patrimoine. Cette galerie est arrivée à point nommé pour apporter une solution.

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Dès 2014, Jean-Louis TESTUD, adjoint au maire délégué au commerce et à l’artisanat a commencé à travailler sur le projet de la galerie La Verrière, de concert avec Valérie BETHOUART-DOLIQUE, conseillère municipale. Il fait aujourd’hui un premier bilan sur ce lieu dédié à l’artisanat d’art.

 

Quel est le concept de la galerie artisanale ?

La municipalité de Suresnes a souhaité la création d’une galerie des métiers d’art sur le territoire communal, ceci afin d’accueillir des créateurs et de mettre à l’honneur leurs savoir-faire ainsi que les métiers de notre patrimoine.

Comment avez-vous choisi les artisans ?

En premier lieu, nous avons publié un appel à candidatures précisant clairement les attentes, les critères et les conditions pour intégrer la galerie. Pour juger de la qualité des candidats, nous avons constitué un jury de personnalités hautement qualifiées en provenance de divers horizons : le Musée National de la Céramique de Sèvres, l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, la fondation Bettencourt-Schueller, l’Institut National des Métiers d’Art, les Ateliers d’Art de France, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, Hermès, Luxsense…

Combien de candidatures avez-vous reçues ?

Une trentaine… La plupart des candidats se lançaient dans leur activité, nouvellement diplômés, avec le soutien de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Les dossiers étaient tous de qualité. On a ressenti un véritable enthousiasme, une passion chez chacun…

Mais il a fallu faire des choix…

En effet, mais nous sommes satisfaits de la diversité des savoir-faire retenus. Nous avons des profils aussi variés qu’un créateur de luminaires, une créatrice de bijoux, une restauratrice de tableaux, une céramiste, deux ébénistes fraîchement diplômés de l’école Boulle…
Et bien d’autres !

Comment les artisans sont-ils installés ?

Nous proposons 14 locaux dont les surfaces varient de 25 à 170 m2. Nous avons créé une cohérence esthétique pour l’ensemble de la galerie, aussi bien au niveau de son passage piéton qu’au sein des ateliers-boutiques des artisans. Nous nous sommes occupés des travaux d’aménagement ; cependant les artisans ont pu choisir leurs éléments de décoration parmi une liste de matériaux prédéfinie. Chaque atelier possède une vitrine permettant aux passants de les observer en pleine création et un plafond brut peint en noir avec des rails pour les éclairages… Après, bien sûr, chaque locataire est libre de s’installer à sa convenance avec ses outils et son matériel.

Réaliser ces travaux d’aménagement est aussi une façon de les aider dans leur installation ?

Tout à fait. C’est un investissement qu’ils n’ont pas à leur charge, cela facilite le démarrage de leur métier… qui nécessite déjà un budget conséquent. À ce sujet, nous avons calculé précisément le budget de fonctionnement de la galerie afin de pouvoir modérer les loyers.

Ils sont bien accueillis…

Les candidats retenus sont ravis de venir travailler dans La Verrière. Ils se sont déjà rencontrés et souhaitent créer des animations qui permettront de faire découvrir leurs activités au public.
La galerie sera un lieu vivant et accessible, avec une dimension pédagogique. Et nous espérons que cette vitrine extraordinaire qui met en lumière les métiers manuels répertoriés dans la liste des métiers d’art suscitera des vocations.

[]

De la finance d’entreprise dans une société de luxe à la céramique, il y a un grand pas… que Audrey JEZIC n’a pas hésité à franchir. Interview d’une passionnée qui a décidé d’entreprendre une reconversion professionnelle en accord avec ses centres d’intérêts.

La céramique, une passion ?

Oui, absolument… C’est une discipline qui m’attire depuis des années. Après avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé de tout chambouler et de faire de cette passion mon métier. Mais attention : en faisant les choses très sérieusement.

Comment ?

Tout d’abord en suivant une formation en CAP de tourneur céramique. Mon diplôme en poche en juin, je me suis lancée dans ma nouvelle activité… et en octobre, me voilà dans la galerie artisanale !

Vous avez déposé un dossier de candidature à la mairie ?

Oui, en fait j’ai commencé par les appeler, parce que ma situation n’était pas très « classique ». Je n’étais pas encore une céramiste en activité. Ils ont su m’écouter et même m’encourager à avancer. Alors j’ai rempli mon dossier avec un business plan, une lettre de motivation, des exemples de mes travaux…  Et j’ai été sélectionnée !

À quoi ressemble votre local ?

C’est un local de près de 40 m2, idéalement placé au cœur de la galerie, à côté du patio. C’est idéal pour installer un atelier boutique : dans la vitrine, j’expose mes réalisations ; et dans mon atelier équipé d’un tour et d’un four, je crée et je reçois les clients. Je vais aussi proposer des cours collectifs, avec des petits groupes de 5 à 8 personnes.

Plutôt satisfaite, alors ?

Oui, c’est fantastique que la mairie ait monté cette galerie artisanale. Pendant mes recherches de locaux, j’avais malheureusement constaté que ce type de lieu était quasi inexistant dans l’ouest de la région parisienne. C’est bien que la mairie ait initié et se soit investie dans ce projet. En plus, j’ai beaucoup aimé qu’elle me donne ma chance.

C’est important, d’être avec d’autres artisans ?

Oui, très important : ça va être bon pour la créativité, l’émulation… On va échanger, se nourrir les uns les autres de nos idées et de nos différences, et même de nos complémentarités. En plus, concentrer plusieurs artisans en un même lieu impulse forcément une dynamique intéressante : les gens vont être attirés par la différence et la richesse des créations. Vraiment, ce projet m’a emballée dès le début. Tous ces artisans, toute cette lumière qui entre dans la galerie, le restaurant… On devrait voir passer du monde !

[]

Claude-Yves Mazerand est le mandataire commun qui a piloté la conception du programme par deux cabinets d’architectes : Gera Architectes et Fragments. Présent dès le début du projet, il a été un témoin privilégié de sa création et de sa sortie de terre…

Comment définiriez-vous le programme Duclaux ?

C’est un programme très original. Dans un espace tout de même assez restreint, les équipes ont réussi à placer une belle densité d’intentions : nous trouvons du logement social (89 logements sociaux) ainsi qu’une pension de famille à la façon d’autrefois et comme très peu de bailleurs sociaux en font aujourd’hui… Et nous avons aussi une galerie artisanale qui est une parfaite antithèse de la galerie commerciale archi-dominante de notre époque. Le tout fait sens. Je pense que c’est un vrai pari de la part du maire : un pari osé et courageux.

 

Il y a aussi un parti pris architectural ?

Oui, tout à fait. Le projet a une très forte identité architecturale. Là aussi, le maire s’est beaucoup investi. Il a été un véritable maître d’ouvrage.
L’idée principale, c’est de replonger dans les racines de Suresnes et, d’une façon plus générale, dans celles de la couronne Est de Paris. Je m’explique : durant l’entre-deux-guerres, Suresnes et ses voisines, Puteaux, Nanterre, Issy les Moulineaux… sont des communes très industrialisées : en plein boom économique, elles voient fleurir des usines et des entrepôts de style art déco. Petit à petit, ces bâtiments deviennent des marqueurs caractéristiques de l’époque et de cette partie de la région parisienne. Le parti pris de l’îlot Duclaux, c’est d’inscrire son architecture en droite ligne dans cette filiation, pour rendre hommage à ce pan important de l’histoire de la ville.

 

Comment cela ?

Eh bien par exemple l’entrée de la Galerie rue Duclaux est abritée par une marquise en verre et fer forgé, caractéristique de l’art déco, qui lui confère un remarquable esprit d’élégance. Cette entrée très travaillée, très belle, marque la singularité des lieux sans avoir besoin de recourir à un quelconque artifice, comme une enseigne trop voyante, voire tapageuse.

Il y a aussi un travail important sur les immeubles. Vous savez qu’ils donnent sur deux rues : la rue Duclaux et la rue Rouget de l’Isle. Pour chacune d’entre elles, les façades ont été dessinées dans le plus pur esprit art déco : elles sont dotées de larges pans vitrés ; et elles sont habillées de pierres de taille disposées de manière à tracer des lignes géométriques pures, à la façon des années 1920 – 1930. Vous avez aussi les menuiseries métalliques, les garde-corps en fer forgé, les loggias qui achèvent de donner à l’ensemble une cohérence et une harmonie au service d’une forte identité.

 

Et puis il y a la galerie artisanale…
C’est la pièce maîtresse de l’ensemble, le clou de notre démarche architecturale. Elle évoque les galeries parisiennes du 19ème siècle, sur lesquelles s’ouvraient les ateliers des artisans. Elle s’articule autour d’une très grande allée traversante, ouverte sur le ciel. Contrainte de sécurité imposée par les pompiers dans un premier temps, cette ouverture zénithale est vite devenue le point fort du projet. L’allée est en effet coiffée d’une superbe verrière structurée en une succession de toits à 4 pans, par laquelle la lumière du jour entre à flots. Cette verrière est tellement présente qu’elle a donné son nom à l’allée… Les locaux des artisans sont donc de part et d’autre de la « Verrière » : leur travail et leurs créations s’exposent directement à la vue des passants, à travers de grandes ouvertures qui se distinguent par leur verticalité, typiquement « atelier ». Pour finir, un soin particulier a été apporté au traitement décoratif des lieux, avec un travail exigeant sur les candélabres, les sols, les matériaux utilisés…

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Citallios a mandaté la société Ségic ingénierie pour réaliser l’allée traversante et le jardin de l’Îlot Duclaux. M. Hugo Eymere, le chargé de projet qui a piloté l’opération, détaille la philosophie de cet équipement.

Comment avez-vous élaboré le projet du jardin et de l’allée traversante ?

Nous avons travaillé sur ce projet de concert avec un architecte paysagiste, AFP, qui a défini l’esthétique de l’ensemble, le cadre de vie, le choix des végétaux et des matériaux.

Vous avez eu carte blanche ?

Oui et non, parce que dans tout projet, il y a forcément des contraintes. Pour l’îlot Duclaux, le gros problème à résoudre était la différence de niveau entre les rues Rouget de Lisle et Duclaux : il y avait un dénivelé de 2,50 m, ce qui est beaucoup. D’autant que nous devions respecter les normes d’accessibilité pour personnes à mobilité réduite.

Comment avez-vous résolu ce problème ?

Nous avons proposé plusieurs scénarios. Il y en avait même un avec un ascenseur. Mais la solution qui a le plus séduit la mairie, c’était celle qui proposait d’allonger au maximum le chemin piétonnier, en enchaînant les courbes et les plateaux, afin d’obtenir une pente faible et rattraper en douceur la forte déclivité entre les deux rues. Ce long chemin permet de varier le traitement paysagé du jardin et de plus il a un avantage indiscutable par rapport à un ascenseur : il ne risque pas de tomber en panne…

Il y avait aussi une demande forte en termes de développement durable…

C’est juste. Le jardin est au centre de la parcelle : l’architecte paysagiste a mis à profit les nombreux plateaux qui rythment le chemin pour varier les essences végétales et les paysages. On trouve une grande multiplicité d’arbres, mais aussi de buissons et de plantes diverses qui vont donner à chaque saison une signature différente. Un gros effort a aussi été effectué sur la gestion des eaux pluviales, avec la mise en place de noues végétales.

Qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des espèces de bassins tampons ou de fossés peu profonds, si vous préférez, dans lesquels on installe des plantes. Quand il pleut, ils captent les précipitations, qui sont ensuite absorbées par les végétaux ou évaporées. On retrouve le même principe pour les toitures végétalisées des bâtiments de l’îlot Duclaux. Au final, ça fait beaucoup d’eau qui est utilisée de façon écologique et qui ne part pas dans les réseaux d’adduction.

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Jean-François Bichet, directeur des études constructions neuves de Hauts-de-Seine Habitat, a géré le volet immobilier du programme Duclaux dès les premières démarches administratives…

Quand vous êtes-vous engagés sur le projet Duclaux ?

Suresnes Habitat s’est engagé dans le montage de ce dossier dès 2013. Nous étions alors un Office Public de l’Habitat Municipal qui gérait environ 3 000 logements et dont j’étais le directeur général.  Au lendemain de la fusion de Suresnes Habitat et de Hauts-de-Seine Habitat au 1er janvier 2017, j’ai continué de suivre ce beau projet

Comment définiriez-vous votre engagement ?

Hauts-de-Seine Habitat est le premier opérateur de logement social dans les Hauts-de-Seine. Avec près de 45 000 logements répartis sur tout le département, notre office est engagé sur tous les fronts et particulièrement à Suresnes, où plusieurs projets sont en cours dont notamment la réhabilitation thermique de 90 logements sociaux rue Georges Appay. Nous nous voulons un acteur de premier plan du logement social, en nous inspirant fortement du legs d’Henri Sellier, le maire précurseur qui a créé à partir des années 1920 la cité-jardin de Suresnes, la plus aboutie et la plus remarquable de la région.

Vous vous êtes donc beaucoup impliqués dans le projet Duclaux ?

Absolument… Notre implication a été totale et en parfaite collaboration avec la ville, qui a porté ce projet. Nous avons acquis en VEFA (sur plan) la quasi-totalité de l’ensemble, soit 69 logements en usufruit locatif social et la pleine propriété des 20 autres logements. Ces logements se décomposent en 40 T2, 45 T3, 3 T4 et 1 T5. Nous nous sommes également portés acquéreurs de 1 000 m² de locaux d’artisanat d’art, du local du restaurant, de l’allée traversante et des deux niveaux de parkings souterrains. Les appartements de la pension de famille sont quant à eux propriété d’une Entreprise Sociale pour l’Habitat.

Comment avez-vous financé cet investissement ?

Cette opération représente un investissement d’environ 14 millions d’euros TTC. Les logements en pleine propriété et les locaux d’artisanat d’art ont été subventionnés à hauteur de 6% par la ville. Nous avons financé le solde sur nos fonds propres et en contractant des emprunts. La ville a financé la voie piétonne tandis que la Métropole du Grand Paris a subventionné l’aménagement des locaux d’artisanat d’art.

C’est un bel effort financier…

En effet, mais c’est aussi un beau programme, qui est exemplaire à plus d’un titre. D’un point de vue développement durable, les performances énergétiques des bâtiments étaient supérieures à ce que demandait la règlementation en vigueur au moment de leur construction. Nous avons une toiture végétalisée, des isolations acoustiques optimisées, de la production d’eau chaude solaire pour la pension de famille. D’un point de vue social, l’îlot Duclaux préfigure un lieu de vie multiple : il va entremêler des commerces, des habitats sociaux de qualité, un artisanat d’art soutenu par la ville, des animations… Et enfin, l’architecture est sans conteste de très haute tenue tant esthétique que technique.

Vous avez l’air enthousiasmé par ce programme ?

Oui, d’autant que nous avons eu un partenariat exemplaire avec les autres acteurs, à savoir la ville, Perl et Citallios… des partenaires avec lesquels notre office est déjà engagé sur d’autres projets dans le département.

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Résidences Sociales de France (RSF), société de 3F / groupe Action Logement, propose des solutions de logement à des publics aux besoins spécifiques : étudiants, jeunes travailleurs, personnes âgées, handicapées, ou en grande précarité… Pour l’îlot Duclaux, c’est une pension de famille que RSF a développée. Témoignage d’Emmeline Probst, cheffe de projet…

Comment vous est venue l’idée d’installer une pension de famille dans l’îlot Duclaux ?

Ça nous a été proposé en 2012 par la mairie. Nous avons trouvé l’idée intéressante et nous nous sommes attelés au dossier avec Aurore, l’association qui va gérer la pension. Ça a été un vrai travail d’équipe : après 3 ans de travail, en juillet 2015, nous avons signé l’acte d’acquisition de l’immeuble.

L’association Aurore : qu’est-ce que c’est ?

En fait, chez RSF, nous développons des solutions de logement en construisant des immeubles dont nous confions la gestion à des organismes spécialisés. Nous travaillons avec une centaine de gestionnaires à travers la France. Aurore est l’un d’eux. Dans la vingtaine de pensions de famille que nous avons en Île de France, Aurore en gère 4, et ça se passe très bien.

Comment s’est déroulée la préparation du dossier ?

C’est une procédure à la fois complexe et minutieuse. Rien n’est laissé au hasard. C’est un gros travail d’élaboration en collaboration avec les services de l’État, pour bâtir ce que l’on appelle un « projet social ». C’est un document contractuel qui engage le gestionnaire et qui est signé par toutes les parties. Il liste précisément les objectifs du projet. Et il annonce aussi noir sur blanc son budget de fonctionnement : c’est une façon efficace de garantir la viabilité financière et donc la pérennité de la pension… C’est aussi un sésame pour obtenir des aides publiques pour le financement du projet. À ce propos, merci à la ville de Suresnes qui nous a alloué une subvention et qui a garanti un emprunt que nous avons souscrit auprès de la Caisse des Dépôts.

Et pour la conception proprement dite de la pension, comment cela s’est-il passé ?

Quand nous bâtissons une pension de famille, nous élaborons avec le gestionnaire un cahier des charges, conçu pour répondre idéalement aux attentes des résidents. Nous avons donc soumis ce cahier des charges au promoteur de l’îlot Duclaux. Et nous avons veillé à ce qu’il soit scrupuleusement respecté.

Êtes-vous satisfaits du résultat ?

Nous avons visité régulièrement le chantier pour nous assurer de sa bonne marche et oui, le travail réalisé nous convient parfaitement. Nous avons une petite pension de très bonne tenue, avec des prestations de qualité tant en architecture extérieure qu’intérieure. Nous disposons de 25 logements de 18 à 38 m2, soit 30 places pour accueillir des personnes seules ou en couple, voire des familles monoparentales. Des personnes en difficulté y trouveront un logement pérenne, rassurant, avec un hôte à demeure qui leur procurera l’accompagnement social dont ils ont besoin. C’est une belle réalisation.

  

Est-ce que sa localisation dans l’îlot Duclaux est un avantage ?

Absolument ! Nos résidents vont être en plein centre. C’est important pour eux d’avoir une vie sociale en faisant des courses, en se promenant en ville… En plus, le fait que la pension soit dans un ensemble plus grand avec du logement social, des propriétaires, la galerie artisanale… ça installe un sentiment de mixité très positif.

Cécile Guillou est l’élue de Suresnes déléguée, entre autres missions, à la cohésion sociale et au développement durable. À ce titre, elle a suivi l’aventure du programme Duclaux dès ses débuts. Témoignage…

 

L’Îlot Duclaux, un enjeu de cohésions sociale ?
Tout à fait : à la mairie, nous avons une vraie politique de mixité sociale, à laquelle nous tenons fortement : nous sommes une commune bien équilibrée en termes de logement, avec 37% de logements sociaux. La réhabilitation de l’Îlot Duclaux, avec ses logements sociaux, était donc une mission importante pour nous.

Mais pourquoi une réhabilitation plutôt qu’une rénovation ?
En vérité, on travaille sur ce projet depuis une vingtaine d’années : ça a été une entreprise de longue haleine. Pour bien comprendre, il faut faire un peu d’histoire… Au début du 20eme siècle une petite résidence ouvrière est construite : c’est l’îlot Duclaux. Au fil du temps, elle périclite et elle finit par se trouver dans un état de délabrement très avancé… Donc, au début des années 1990, on se retrouve avec une copropriété en grande difficulté. La mairie décide de se saisir du dossier et s’implique fortement pour trouver une solution. Mais ça s’avère très compliqué : il est difficile de lancer un programme de réhabilitation vu l’état de l’ensemble et la dispersion des propriétaires. Décision est prise de reloger tous les occupants, puis de repartir de zéro. Mais attention : tout a été fait à dans les formes. Avec l’aide de Citallios, on a pris le temps nécessaire pour reloger tout le monde… Ce qui représente quand même plus de 70 ménages. Aux locataires, on a proposé des locations dans les logements sociaux de la ville. Quant à certains propriétaires, leurs biens étaient trop petits pour qu’ils puissent en acheter de nouveaux après les avoir vendus ; la ville a donc spécialement acheté et rénové un immeuble, dans lequel ils ont pu se réinstaller durablement.

Combien de logements sociaux va-t-il y avoir dans le nouvel ensemble ?
Nous allons avoir 89 logements sociaux, ce qui est un chiffre tout à fait respectable, mais aussi une pension de famille avec 26 logements.

Une pension de famille ?
Oui, une pension de famille : c’est une réponse forte à un besoin qui n’était jusqu’ici pas assez bien couvert à Suresnes. L’idée est de proposer des logements stables à des gens en fragilité. Dans cette pension, on trouve une salle à manger commune et une cuisine où les locataires peuvent se rencontrer. De plus, il y a un responsable qui gère la structure et qui est à l’écoute de chacun. Avec ce dispositif, on a désormais une large palette de solutions en matière d’offre sociale.

Vous avez aussi travaillé sur l’aspect environnemental ?
Absolument ; on a d’abord travaillé sur le bien vivre, avec la mixité d’usages de l’ensemble. Dans un même lieu, vous allez trouver, en plus des logements et de la pension : une galerie artisanale, un restaurant et même une promenade qui fait la liaison entre deux rues pour faciliter la circulation des piétons.
Avec l’Îlot Ducaux, on a un projet bien dans son époque, un projet qui pense développement durable. Les bâtiments sont à la fois beaux et conçus pour bien vieillir, avec des matériaux de qualité et des choix architecturaux ambitieux.

Pourquoi avoir créé une galerie artisanale ?
La chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts de seine a mis en évidence la grande difficulté des artisans à trouver des locaux de petites surfaces dans le département. Or, à Suresnes, on tient absolument à conserver ce pan important de notre patrimoine. Cette galerie est arrivée à point nommé pour apporter une solution.

[]

Dès 2014, Jean-Louis TESTUD, adjoint au maire délégué au commerce et à l’artisanat a commencé à travailler sur le projet de la galerie La Verrière, de concert avec Valérie BETHOUART-DOLIQUE, conseillère municipale. Il fait aujourd’hui un premier bilan sur ce lieu dédié à l’artisanat d’art.

 

Quel est le concept de la galerie artisanale ?

La municipalité de Suresnes a souhaité la création d’une galerie des métiers d’art sur le territoire communal, ceci afin d’accueillir des créateurs et de mettre à l’honneur leurs savoir-faire ainsi que les métiers de notre patrimoine.

Comment avez-vous choisi les artisans ?

En premier lieu, nous avons publié un appel à candidatures précisant clairement les attentes, les critères et les conditions pour intégrer la galerie. Pour juger de la qualité des candidats, nous avons constitué un jury de personnalités hautement qualifiées en provenance de divers horizons : le Musée National de la Céramique de Sèvres, l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, la fondation Bettencourt-Schueller, l’Institut National des Métiers d’Art, les Ateliers d’Art de France, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, Hermès, Luxsense…

Combien de candidatures avez-vous reçues ?

Une trentaine… La plupart des candidats se lançaient dans leur activité, nouvellement diplômés, avec le soutien de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Les dossiers étaient tous de qualité. On a ressenti un véritable enthousiasme, une passion chez chacun…

Mais il a fallu faire des choix…

En effet, mais nous sommes satisfaits de la diversité des savoir-faire retenus. Nous avons des profils aussi variés qu’un créateur de luminaires, une créatrice de bijoux, une restauratrice de tableaux, une céramiste, deux ébénistes fraîchement diplômés de l’école Boulle…
Et bien d’autres !

Comment les artisans sont-ils installés ?

Nous proposons 14 locaux dont les surfaces varient de 25 à 170 m2. Nous avons créé une cohérence esthétique pour l’ensemble de la galerie, aussi bien au niveau de son passage piéton qu’au sein des ateliers-boutiques des artisans. Nous nous sommes occupés des travaux d’aménagement ; cependant les artisans ont pu choisir leurs éléments de décoration parmi une liste de matériaux prédéfinie. Chaque atelier possède une vitrine permettant aux passants de les observer en pleine création et un plafond brut peint en noir avec des rails pour les éclairages… Après, bien sûr, chaque locataire est libre de s’installer à sa convenance avec ses outils et son matériel.

Réaliser ces travaux d’aménagement est aussi une façon de les aider dans leur installation ?

Tout à fait. C’est un investissement qu’ils n’ont pas à leur charge, cela facilite le démarrage de leur métier… qui nécessite déjà un budget conséquent. À ce sujet, nous avons calculé précisément le budget de fonctionnement de la galerie afin de pouvoir modérer les loyers.

Ils sont bien accueillis…

Les candidats retenus sont ravis de venir travailler dans La Verrière. Ils se sont déjà rencontrés et souhaitent créer des animations qui permettront de faire découvrir leurs activités au public.
La galerie sera un lieu vivant et accessible, avec une dimension pédagogique. Et nous espérons que cette vitrine extraordinaire qui met en lumière les métiers manuels répertoriés dans la liste des métiers d’art suscitera des vocations.

[]

De la finance d’entreprise dans une société de luxe à la céramique, il y a un grand pas… que Audrey JEZIC n’a pas hésité à franchir. Interview d’une passionnée qui a décidé d’entreprendre une reconversion professionnelle en accord avec ses centres d’intérêts.

La céramique, une passion ?

Oui, absolument… C’est une discipline qui m’attire depuis des années. Après avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé de tout chambouler et de faire de cette passion mon métier. Mais attention : en faisant les choses très sérieusement.

Comment ?

Tout d’abord en suivant une formation en CAP de tourneur céramique. Mon diplôme en poche en juin, je me suis lancée dans ma nouvelle activité… et en octobre, me voilà dans la galerie artisanale !

Vous avez déposé un dossier de candidature à la mairie ?

Oui, en fait j’ai commencé par les appeler, parce que ma situation n’était pas très « classique ». Je n’étais pas encore une céramiste en activité. Ils ont su m’écouter et même m’encourager à avancer. Alors j’ai rempli mon dossier avec un business plan, une lettre de motivation, des exemples de mes travaux…  Et j’ai été sélectionnée !

À quoi ressemble votre local ?

C’est un local de près de 40 m2, idéalement placé au cœur de la galerie, à côté du patio. C’est idéal pour installer un atelier boutique : dans la vitrine, j’expose mes réalisations ; et dans mon atelier équipé d’un tour et d’un four, je crée et je reçois les clients. Je vais aussi proposer des cours collectifs, avec des petits groupes de 5 à 8 personnes.

Plutôt satisfaite, alors ?

Oui, c’est fantastique que la mairie ait monté cette galerie artisanale. Pendant mes recherches de locaux, j’avais malheureusement constaté que ce type de lieu était quasi inexistant dans l’ouest de la région parisienne. C’est bien que la mairie ait initié et se soit investie dans ce projet. En plus, j’ai beaucoup aimé qu’elle me donne ma chance.

C’est important, d’être avec d’autres artisans ?

Oui, très important : ça va être bon pour la créativité, l’émulation… On va échanger, se nourrir les uns les autres de nos idées et de nos différences, et même de nos complémentarités. En plus, concentrer plusieurs artisans en un même lieu impulse forcément une dynamique intéressante : les gens vont être attirés par la différence et la richesse des créations. Vraiment, ce projet m’a emballée dès le début. Tous ces artisans, toute cette lumière qui entre dans la galerie, le restaurant… On devrait voir passer du monde !

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Claude-Yves Mazerand est le mandataire commun qui a piloté la conception du programme par deux cabinets d’architectes : Gera Architectes et Fragments. Présent dès le début du projet, il a été un témoin privilégié de sa création et de sa sortie de terre…

Comment définiriez-vous le programme Duclaux ?

C’est un programme très original. Dans un espace tout de même assez restreint, les équipes ont réussi à placer une belle densité d’intentions : nous trouvons du logement social (89 logements sociaux) ainsi qu’une pension de famille à la façon d’autrefois et comme très peu de bailleurs sociaux en font aujourd’hui… Et nous avons aussi une galerie artisanale qui est une parfaite antithèse de la galerie commerciale archi-dominante de notre époque. Le tout fait sens. Je pense que c’est un vrai pari de la part du maire : un pari osé et courageux.

 

Il y a aussi un parti pris architectural ?

Oui, tout à fait. Le projet a une très forte identité architecturale. Là aussi, le maire s’est beaucoup investi. Il a été un véritable maître d’ouvrage.
L’idée principale, c’est de replonger dans les racines de Suresnes et, d’une façon plus générale, dans celles de la couronne Est de Paris. Je m’explique : durant l’entre-deux-guerres, Suresnes et ses voisines, Puteaux, Nanterre, Issy les Moulineaux… sont des communes très industrialisées : en plein boom économique, elles voient fleurir des usines et des entrepôts de style art déco. Petit à petit, ces bâtiments deviennent des marqueurs caractéristiques de l’époque et de cette partie de la région parisienne. Le parti pris de l’îlot Duclaux, c’est d’inscrire son architecture en droite ligne dans cette filiation, pour rendre hommage à ce pan important de l’histoire de la ville.

 

Comment cela ?

Eh bien par exemple l’entrée de la Galerie rue Duclaux est abritée par une marquise en verre et fer forgé, caractéristique de l’art déco, qui lui confère un remarquable esprit d’élégance. Cette entrée très travaillée, très belle, marque la singularité des lieux sans avoir besoin de recourir à un quelconque artifice, comme une enseigne trop voyante, voire tapageuse.

Il y a aussi un travail important sur les immeubles. Vous savez qu’ils donnent sur deux rues : la rue Duclaux et la rue Rouget de l’Isle. Pour chacune d’entre elles, les façades ont été dessinées dans le plus pur esprit art déco : elles sont dotées de larges pans vitrés ; et elles sont habillées de pierres de taille disposées de manière à tracer des lignes géométriques pures, à la façon des années 1920 – 1930. Vous avez aussi les menuiseries métalliques, les garde-corps en fer forgé, les loggias qui achèvent de donner à l’ensemble une cohérence et une harmonie au service d’une forte identité.

 

Et puis il y a la galerie artisanale…
C’est la pièce maîtresse de l’ensemble, le clou de notre démarche architecturale. Elle évoque les galeries parisiennes du 19ème siècle, sur lesquelles s’ouvraient les ateliers des artisans. Elle s’articule autour d’une très grande allée traversante, ouverte sur le ciel. Contrainte de sécurité imposée par les pompiers dans un premier temps, cette ouverture zénithale est vite devenue le point fort du projet. L’allée est en effet coiffée d’une superbe verrière structurée en une succession de toits à 4 pans, par laquelle la lumière du jour entre à flots. Cette verrière est tellement présente qu’elle a donné son nom à l’allée… Les locaux des artisans sont donc de part et d’autre de la « Verrière » : leur travail et leurs créations s’exposent directement à la vue des passants, à travers de grandes ouvertures qui se distinguent par leur verticalité, typiquement « atelier ». Pour finir, un soin particulier a été apporté au traitement décoratif des lieux, avec un travail exigeant sur les candélabres, les sols, les matériaux utilisés…

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Citallios a mandaté la société Ségic ingénierie pour réaliser l’allée traversante et le jardin de l’Îlot Duclaux. M. Hugo Eymere, le chargé de projet qui a piloté l’opération, détaille la philosophie de cet équipement.

Comment avez-vous élaboré le projet du jardin et de l’allée traversante ?

Nous avons travaillé sur ce projet de concert avec un architecte paysagiste, AFP, qui a défini l’esthétique de l’ensemble, le cadre de vie, le choix des végétaux et des matériaux.

Vous avez eu carte blanche ?

Oui et non, parce que dans tout projet, il y a forcément des contraintes. Pour l’îlot Duclaux, le gros problème à résoudre était la différence de niveau entre les rues Rouget de Lisle et Duclaux : il y avait un dénivelé de 2,50 m, ce qui est beaucoup. D’autant que nous devions respecter les normes d’accessibilité pour personnes à mobilité réduite.

Comment avez-vous résolu ce problème ?

Nous avons proposé plusieurs scénarios. Il y en avait même un avec un ascenseur. Mais la solution qui a le plus séduit la mairie, c’était celle qui proposait d’allonger au maximum le chemin piétonnier, en enchaînant les courbes et les plateaux, afin d’obtenir une pente faible et rattraper en douceur la forte déclivité entre les deux rues. Ce long chemin permet de varier le traitement paysagé du jardin et de plus il a un avantage indiscutable par rapport à un ascenseur : il ne risque pas de tomber en panne…

Il y avait aussi une demande forte en termes de développement durable…

C’est juste. Le jardin est au centre de la parcelle : l’architecte paysagiste a mis à profit les nombreux plateaux qui rythment le chemin pour varier les essences végétales et les paysages. On trouve une grande multiplicité d’arbres, mais aussi de buissons et de plantes diverses qui vont donner à chaque saison une signature différente. Un gros effort a aussi été effectué sur la gestion des eaux pluviales, avec la mise en place de noues végétales.

Qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des espèces de bassins tampons ou de fossés peu profonds, si vous préférez, dans lesquels on installe des plantes. Quand il pleut, ils captent les précipitations, qui sont ensuite absorbées par les végétaux ou évaporées. On retrouve le même principe pour les toitures végétalisées des bâtiments de l’îlot Duclaux. Au final, ça fait beaucoup d’eau qui est utilisée de façon écologique et qui ne part pas dans les réseaux d’adduction.

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Jean-François Bichet, directeur des études constructions neuves de Hauts-de-Seine Habitat, a géré le volet immobilier du programme Duclaux dès les premières démarches administratives…

Quand vous êtes-vous engagés sur le projet Duclaux ?

Suresnes Habitat s’est engagé dans le montage de ce dossier dès 2013. Nous étions alors un Office Public de l’Habitat Municipal qui gérait environ 3 000 logements et dont j’étais le directeur général.  Au lendemain de la fusion de Suresnes Habitat et de Hauts-de-Seine Habitat au 1er janvier 2017, j’ai continué de suivre ce beau projet

Comment définiriez-vous votre engagement ?

Hauts-de-Seine Habitat est le premier opérateur de logement social dans les Hauts-de-Seine. Avec près de 45 000 logements répartis sur tout le département, notre office est engagé sur tous les fronts et particulièrement à Suresnes, où plusieurs projets sont en cours dont notamment la réhabilitation thermique de 90 logements sociaux rue Georges Appay. Nous nous voulons un acteur de premier plan du logement social, en nous inspirant fortement du legs d’Henri Sellier, le maire précurseur qui a créé à partir des années 1920 la cité-jardin de Suresnes, la plus aboutie et la plus remarquable de la région.

Vous vous êtes donc beaucoup impliqués dans le projet Duclaux ?

Absolument… Notre implication a été totale et en parfaite collaboration avec la ville, qui a porté ce projet. Nous avons acquis en VEFA (sur plan) la quasi-totalité de l’ensemble, soit 69 logements en usufruit locatif social et la pleine propriété des 20 autres logements. Ces logements se décomposent en 40 T2, 45 T3, 3 T4 et 1 T5. Nous nous sommes également portés acquéreurs de 1 000 m² de locaux d’artisanat d’art, du local du restaurant, de l’allée traversante et des deux niveaux de parkings souterrains. Les appartements de la pension de famille sont quant à eux propriété d’une Entreprise Sociale pour l’Habitat.

Comment avez-vous financé cet investissement ?

Cette opération représente un investissement d’environ 14 millions d’euros TTC. Les logements en pleine propriété et les locaux d’artisanat d’art ont été subventionnés à hauteur de 6% par la ville. Nous avons financé le solde sur nos fonds propres et en contractant des emprunts. La ville a financé la voie piétonne tandis que la Métropole du Grand Paris a subventionné l’aménagement des locaux d’artisanat d’art.

C’est un bel effort financier…

En effet, mais c’est aussi un beau programme, qui est exemplaire à plus d’un titre. D’un point de vue développement durable, les performances énergétiques des bâtiments étaient supérieures à ce que demandait la règlementation en vigueur au moment de leur construction. Nous avons une toiture végétalisée, des isolations acoustiques optimisées, de la production d’eau chaude solaire pour la pension de famille. D’un point de vue social, l’îlot Duclaux préfigure un lieu de vie multiple : il va entremêler des commerces, des habitats sociaux de qualité, un artisanat d’art soutenu par la ville, des animations… Et enfin, l’architecture est sans conteste de très haute tenue tant esthétique que technique.

Vous avez l’air enthousiasmé par ce programme ?

Oui, d’autant que nous avons eu un partenariat exemplaire avec les autres acteurs, à savoir la ville, Perl et Citallios… des partenaires avec lesquels notre office est déjà engagé sur d’autres projets dans le département.

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Résidences Sociales de France (RSF), société de 3F / groupe Action Logement, propose des solutions de logement à des publics aux besoins spécifiques : étudiants, jeunes travailleurs, personnes âgées, handicapées, ou en grande précarité… Pour l’îlot Duclaux, c’est une pension de famille que RSF a développée. Témoignage d’Emmeline Probst, cheffe de projet…

Comment vous est venue l’idée d’installer une pension de famille dans l’îlot Duclaux ?

Ça nous a été proposé en 2012 par la mairie. Nous avons trouvé l’idée intéressante et nous nous sommes attelés au dossier avec Aurore, l’association qui va gérer la pension. Ça a été un vrai travail d’équipe : après 3 ans de travail, en juillet 2015, nous avons signé l’acte d’acquisition de l’immeuble.

L’association Aurore : qu’est-ce que c’est ?

En fait, chez RSF, nous développons des solutions de logement en construisant des immeubles dont nous confions la gestion à des organismes spécialisés. Nous travaillons avec une centaine de gestionnaires à travers la France. Aurore est l’un d’eux. Dans la vingtaine de pensions de famille que nous avons en Île de France, Aurore en gère 4, et ça se passe très bien.

Comment s’est déroulée la préparation du dossier ?

C’est une procédure à la fois complexe et minutieuse. Rien n’est laissé au hasard. C’est un gros travail d’élaboration en collaboration avec les services de l’État, pour bâtir ce que l’on appelle un « projet social ». C’est un document contractuel qui engage le gestionnaire et qui est signé par toutes les parties. Il liste précisément les objectifs du projet. Et il annonce aussi noir sur blanc son budget de fonctionnement : c’est une façon efficace de garantir la viabilité financière et donc la pérennité de la pension… C’est aussi un sésame pour obtenir des aides publiques pour le financement du projet. À ce propos, merci à la ville de Suresnes qui nous a alloué une subvention et qui a garanti un emprunt que nous avons souscrit auprès de la Caisse des Dépôts.

Et pour la conception proprement dite de la pension, comment cela s’est-il passé ?

Quand nous bâtissons une pension de famille, nous élaborons avec le gestionnaire un cahier des charges, conçu pour répondre idéalement aux attentes des résidents. Nous avons donc soumis ce cahier des charges au promoteur de l’îlot Duclaux. Et nous avons veillé à ce qu’il soit scrupuleusement respecté.

Êtes-vous satisfaits du résultat ?

Nous avons visité régulièrement le chantier pour nous assurer de sa bonne marche et oui, le travail réalisé nous convient parfaitement. Nous avons une petite pension de très bonne tenue, avec des prestations de qualité tant en architecture extérieure qu’intérieure. Nous disposons de 25 logements de 18 à 38 m2, soit 30 places pour accueillir des personnes seules ou en couple, voire des familles monoparentales. Des personnes en difficulté y trouveront un logement pérenne, rassurant, avec un hôte à demeure qui leur procurera l’accompagnement social dont ils ont besoin. C’est une belle réalisation.

  

Est-ce que sa localisation dans l’îlot Duclaux est un avantage ?

Absolument ! Nos résidents vont être en plein centre. C’est important pour eux d’avoir une vie sociale en faisant des courses, en se promenant en ville… En plus, le fait que la pension soit dans un ensemble plus grand avec du logement social, des propriétaires, la galerie artisanale… ça installe un sentiment de mixité très positif.

 

 

 

A. VAN COP

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