GUIDE DE VOYAGE
GUIDE DE VOYAGE
On raconte qu’en 1880 un certain Lewis Edson Waterman, courtier en assurance, rate un important contrat à cause d’un porte-plume réservoir passablement baveux. En 1884, il prend sa revanche sur le sort en déposant un brevet qui marque la naissance du stylo-plume, plus fiable. Un certain George Parker s’intéresse à l’objet et commence lui aussi à déposer des brevets à partir de 1889.
Un peu plus tard, les deux marques éditent un guide sur des Relais Prestige dans lesquels elles offrent des nuitées à leurs clients. Le thème choisi est… l’écriture. Les Relais Prestige sont donc regroupés par régions ; et pour chaque région, le lecteur est invité à se promener sur les traces d’écrivains qui y ont vécu.
EXTRAITS
EXTRAITS
Entre cauchemar et réalité, univers de roman et paysages de la vraie vie, quand Céline (1894-1961) décrit la banlieue parisienne, c’est en noir et noir . Stage à l’hôpital de Villejuif, cabinet médical et dispensaire de Clichy… La Garenne-Rancy puis l’asile de Vigny-sur-Seine, dernières destinations de son héros Bardamu dans Voyage au bout de la nuit, racontent sûrement ce que voyait Louis Ferdinand Destouches, médecin dans la banlieue nord. Et ce n’est pas beau : jus de fumée qui trempe la plaine, rebut de bâtisses tenues par des gadoues noires, campagnes éliminées, villes dévorées par Paris, esprits perdus au bord d’une Seine comparée à une glaire et bordée de pourritures, son tableau est plutôt sombre. Tout de même, un coin de verdure : le cimetière, seul espace “un peu” boisé…
Entre cauchemar et réalité, univers de roman et paysages de la vraie vie, quand Céline (1894-1961) décrit la banlieue parisienne, c’est en noir et noir . Stage à l’hôpital de Villejuif, cabinet médical et dispensaire de Clichy… La Garenne-Rancy puis l’asile de Vigny-sur-Seine, dernières destinations de son héros Bardamu dans Voyage au bout de la nuit, racontent sûrement ce que voyait Louis Ferdinand Destouches, médecin dans la banlieue nord. Et ce n’est pas beau : jus de fumée qui trempe la plaine, rebut de bâtisses tenues par des gadoues noires, campagnes éliminées, villes dévorées par Paris, esprits perdus au bord d’une Seine comparée à une glaire et bordée de pourritures, son tableau est plutôt sombre. Tout de même, un coin de verdure : le cimetière, seul espace “un peu” boisé…
La main coupée, L’or…Blaise Cendrars (1887-1961) sait raconter des destins. Après-guerre, Doisneau l’accompagne dans une plongée au coeur de la banlieue parisienne qui donnera naissance à un ouvrage à la fois commun et séparé ou chacun dit sa vérité, sans se préoccuper de celle de l’autre. Cendrars fait le tour de la banlieue, et de la question. Multiples histoires parallèles… il voit des hommes, entourés par la misère, gravitant autour des bistrots : hâbleurs, buveurs solitaires, phénomènes… il décrit une banlieue en mouvement constant, poussant chaque jour briques et mortier à la conquête de nouveaux territoires. Les bidonvilles s’ancrent sur Nanterre, Champigny… Et les mutations s’annoncent déjà : le monde moderne arrive, c’est le destin…
La main coupée, L’or…Blaise Cendrars (1887-1961) sait raconter des destins. Après-guerre, Doisneau l’accompagne dans une plongée au coeur de la banlieue parisienne qui donnera naissance à un ouvrage à la fois commun et séparé ou chacun dit sa vérité, sans se préoccuper de celle de l’autre. Cendrars fait le tour de la banlieue, et de la question. Multiples histoires parallèles… il voit des hommes, entourés par la misère, gravitant autour des bistrots : hâbleurs, buveurs solitaires, phénomènes… il décrit une banlieue en mouvement constant, poussant chaque jour briques et mortier à la conquête de nouveaux territoires. Les bidonvilles s’ancrent sur Nanterre, Champigny… Et les mutations s’annoncent déjà : le monde moderne arrive, c’est le destin…
François Maspéro (né en 1932) prend le train. Le RER, pour être précis. En compagnie de la photographe Anaïck Frantz, il se lance dans une aventure moderne. Il traverse la banlieue du nord au sud, via Paris. A chaque station, arrêt, hôtel, et découverte de la population indigène, de son environnement. Prises de notes, prises de vues…un livre retranscrit le tout : « Les passagers du Roissy-Express ». Bilan : le temps a fait son oeuvre. La banlieue grise et triste de Céline et Cendrars a grandi. Elle est multiforme, riche en identités, elle existe. A chaque arrêt, le monde change. Roissy, qui peut aller au bout du monde ne serait-il pas en fait le bout du monde ? Brousse et Afrique passent au parc des expositions. No man’s land à Villepinte. URSS au Blanc Mesnil. Arcueil se repose… Un butoir, la banlieue a fini de courir…
François Maspéro (né en 1932) prend le train. Le RER, pour être précis. En compagnie de la photographe Anaïck Frantz, il se lance dans une aventure moderne. Il traverse la banlieue du nord au sud, via Paris. A chaque station, arrêt, hôtel, et découverte de la population indigène, de son environnement. Prises de notes, prises de vues…un livre retranscrit le tout : « Les passagers du Roissy-Express ». Bilan : le temps a fait son oeuvre. La banlieue grise et triste de Céline et Cendrars a grandi. Elle est multiforme, riche en identités, elle existe. A chaque arrêt, le monde change. Roissy, qui peut aller au bout du monde ne serait-il pas en fait le bout du monde ? Brousse et Afrique passent au parc des expositions. No man’s land à Villepinte. URSS au Blanc Mesnil. Arcueil se repose… Un butoir, la banlieue a fini de courir…
Fourmi dure à la tache ? Cigale enthousiasmant son auditoire ? Jean-Henri Fabre (1823-1915) est une synthèse parfaite des deux. Né à Saint-Léon, il n’y restera que 10 ans, mais entretiendra toute sa vie un ”lien d’exquise douceur” avec son souvenir. Son père, tenancier de café, le promène entre Rodez, Aurillac, Toulouse, Montpellier…A dix-huit ans, l’école normale d’Avignon le fixe un temps dans la cité des papes. Diplôme d’instituteur, bac, licence de mathématiques puis de physique, ce travailleur acharné découvre la passion de sa vie : l’histoire naturelle, et plus précisément l’entomologie, qu’il communiquera avec enthousiasme à divers publics : enfants, éditeurs, mais aussi Mallarmé, Mistral… Méditerranéen dans l’âme, il ne passera à Paris que pour recevoir la légion d’honneur. De retour dans le Sud, il s’installe définitivement à proximité du village de Sérignan. Son “château”, comme les gens du cru surnomment sa maison, est aujourd’hui un musée, tout comme sa maison natale. Il faut s’arrêter dans son jardin, “L’histoire naturelle” ou “Les ravageurs” en poche pour entreprendre un voyage fantastique au cours duquel le vénérable scientifique visite les colonies de fourmis, assiste les bousiers dans leur travail harassant ou observe avec fascination la disparition d’un cadavre de souris investi par les « assanisseurs ». Voyageur immobile ? C’est le monde qui vient à lui. En 1913, le président en personne, Raymond Poincaré, se déplace pour venir saluer l’éminence scientifique en son domaine.
Fourmi dure à la tache ? Cigale enthousiasmant son auditoire ? Jean-Henri Fabre (1823-1915) est une synthèse parfaite des deux. Né à Saint-Léon, il n’y restera que 10 ans, mais entretiendra toute sa vie un ”lien d’exquise douceur” avec son souvenir. Son père, tenancier de café, le promène entre Rodez, Aurillac, Toulouse, Montpellier…A dix-huit ans, l’école normale d’Avignon le fixe un temps dans la cité des papes. Diplôme d’instituteur, bac, licence de mathématiques puis de physique, ce travailleur acharné découvre la passion de sa vie : l’histoire naturelle, et plus précisément l’entomologie, qu’il communiquera avec enthousiasme à divers publics : enfants, éditeurs, mais aussi Mallarmé, Mistral… Méditerranéen dans l’âme, il ne passera à Paris que pour recevoir la légion d’honneur. De retour dans le Sud, il s’installe définitivement à proximité du village de Sérignan. Son “château”, comme les gens du cru surnomment sa maison, est aujourd’hui un musée, tout comme sa maison natale. Il faut s’arrêter dans son jardin, “L’histoire naturelle” ou “Les ravageurs” en poche pour entreprendre un voyage fantastique au cours duquel le vénérable scientifique visite les colonies de fourmis, assiste les bousiers dans leur travail harassant ou observe avec fascination la disparition d’un cadavre de souris investi par les « assanisseurs ». Voyageur immobile ? C’est le monde qui vient à lui. En 1913, le président en personne, Raymond Poincaré, se déplace pour venir saluer l’éminence scientifique en son domaine.