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CHATENAY-MALABRY

 

A.VAN COP – EXTRAIT CATALOGUE

A.VAN COP – EXTRAIT CATALOGUE

CHÂTENAY-MALABRY

LIVRE

À la fin des années 2010, l’école Centrale quitte Chatenay-Malabry pour s’installer sur le plateau de Saclay, libérant un site de 18 hectares  en plein cœur de cette ‘ville de la petite couronne parisienne connue pour sa douceur de vivre. La municipalité y voit l’opportunité de créer ex nihilo un nouveau quartier qu’elle veut à la fois écologique et exemplaire. Elle se bat pour trouver le montage financier lui permettant d’acquérir le foncier sans mettre en danger ses finances tout en gardant le contrôle du projet d’urbanisme à venir. Elle réunit autour d’elle les meilleurs volontés, et tous s’attellent à créer LaVallée, un écoquartier dont le nom rend hommage au fondateur de l’école centrale. Ce livre retrace les principales étapes de cette saga.

LIVRE

 

À la fin des années 2010, l’école Centrale quitte Chatenay-Malabry pour s’installer sur le plateau de Saclay, libérant un site de 18 hectares  en plein cœur de cette ‘ville de la petite couronne parisienne connue pour sa douceur de vivre. La municipalité y voit l’opportunité de créer ex nihilo un nouveau quartier qu’elle veut à la fois écologique et exemplaire. Elle se bat pour trouver le montage financier lui permettant d’acquérir le foncier sans mettre en danger ses finances tout en gardant le contrôle du projet d’urbanisme à venir. Elle réunit autour d’elle les meilleurs volontés, et tous s’attellent à créer LaVallée, un écoquartier dont le nom rend hommage au fondateur de l’école centrale. Ce livre retrace les principales étapes de cette saga.

EXTRAITS DE TEXTES

EXTRAITS DE TEXTES

Une ville qui respire

Nappes phréatiques, sol fertile, climat et relief favorables : Châtenay-Malabry a toujours bénéficié d’un environnement idéal pour le monde végétal, et de grandes familles d’horticulteurs y ont pris racine sur plusieurs générations. Châtenay-Malabry produisait alors avec constance et profusion camélias, hortensias, azalées, cyclamens, fraises, arbres fruitiers… La ville a su garder une très grande part de ce tropisme végétal avec plus de la moitié de sa superficie occupée par des espaces verts et des parcs. La « Ville-Parc » est l’une des plus vertes de la petite couronne et des plus fleuries du département ; les trois fleurs du label « Villes et Villages Fleuris » en attestent. Une juste récompense pour une Municipalité qui s’attache à utiliser des produits biologiques pour désherber les trottoirs et les espaces verts, et qui a mis en place une gestion raisonnée de l’arrosage via l’installation de capteurs d’eau de pluie…

Parmi quelques incontournables de la « Ville-Parc » traversée par la Coulée verte, citons les 56 hectares de la Vallée-aux-Loups avec l’arboretum et sa collection unique de 500 arbres. Classé à l’inventaire des sites pittoresques, il se prévaut également d’une superbe collection de bonsaïs et, dans un autre ordre de grandeur, du célèbre Cèdre Bleu pleureur de l’Atlas, âgé de 150 ans, dont la ramure s’étend sur… 900 m2. Il a été élu « Arbre de l’année 2015 » (Prix du Jury – Concours national annuel organisé par le magazine Terre Sauvage et l’Office National des Forêts).

Le promeneur ne manquera pas non plus d’aller visiter l’île verte créée sur 1,3 hectares par le poète Jules Barbier au XIXe siècle ; le parc de la Maison de Chateaubriand ; et à quelques pas seulement, le parc de Sceaux, la Forêt domaniale… et tant d’autres sites qui sont autant de poumons d’une ville… qui respire !

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Une ville dynamique

Participant à la qualité de vie à Châtenay-Malabry, la vie culturelle et les activités sportives et ludiques sont facilitées par les nombreux équipements dont elle est dotée. Ceux-ci proposent un éventail complet de pratiques sportives : des gymnases et des stades, un complexe sportif, des courts de tennis, et un terrain de pétanque. D’autres sont dédiés aux loisirs et à la culture. « La Piscine- L’Azimut », imposant pôle culturel regroupant le conservatoire de danse et de musique, fort de ses 1 200 élèves et de sa cinquantaine de professeurs ; et le théâtre pouvant accueillir jusqu’à 850 spectateurs. Le pavillon des Arts et du Patrimoine héberge plusieurs associations dédiées à l’art plastique. « Le REX », quant à lui, permet aux amateurs de cinéma de disposer de plusieurs salles, dont l’une est classée art et essai. Enfin, une belle médiathèque propose une offre consistante d’ouvrages littéraires, musicaux et numériques ainsi que des animations éclectiques. La vie culturelle et associative de Châtenay-Malabry est d’autant plus dynamique qu’elle est rythmée tout au long de l’année par un large programme de concerts, de spectacles de danse, de théâtre, de divertissements… sans oublier le marché de Noël avec sa piste de luge et de ski qui attire chaque année de nombreux visiteurs. Enfin, les commerces variés et les restaurants participent activement à la vitalité et à la convivialité de la vie quotidienne, sans oublier le marché du centre-ville, qui se tient deux fois par semaine.

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Au naturel avec…

L’écoquartier LaVallée est voulu comme un modèle d’éco-urbanisme, riche d’un environnement végétalisé fonctionnant le plus naturellement possible. De la gestion des eaux pluviales, source de vie, à la création des espaces verts en passant par l’implantation d’îlots de fraîcheur, tout est pensé de façon globale et interdépendante pour installer un cadre de vie à la fois agréable pour les habitants et abouti en termes de développement durable

 

La pluie

Nul besoin de tuyaux ni de pompes pour canaliser et exploiter les eaux pluviales de LaVallée. Les tracés et les profils des rues sont dessinés pour les acheminer par gravité jusqu’à une série de bassins qui traversent le quartier d’est en ouest : les Jardins de LaVallée. Au point le plus bas de ces jardins, le trop plein d’eau est déversé dans un exutoire.

La configuration des rues et des parties privées est par ailleurs conçue pour capter une bonne partie de cette eau avant qu’elle n’arrive aux bassins. Dans les rues et venelles, les terres des jardins décaissés et des noues – versions élaborées des antiques fossés – absorbent et stockent de la pluie qui abreuve ensuite les espèces végétales qui y sont plantées. Sur le cours du Commerce, les rigoles dirigent la pluie vers les fosses des arbres ; un système de surverse renvoie l’éventuel excès d’eau vers les bassins. Tous les terrains privés sont également conçus pour stocker une partie des précipitations.

 

Le végétal

Cette pluie qui coule naturellement et alimente les noues, les fosses d’arbres, les jardins, donne vie à une foisonnante végétation. Dans la rue, sur les places, sur les toits, dans les jardins privés des immeubles, partout elle habite le quartier et crée un 100 environnement à la fois apaisant et divers, offrant un spectacle changeant au fil des saisons. La moitié des espaces publics sont à dominante végétale, autant de havres propices au développement de la biodiversité.

  • Les Jardins de LaVallée, l’un des espaces verts les plus emblématiques de l’écoquartier, dessinent une grande promenade plantée d’est en ouest. Riches d’une large palette d’arbres, arbustes et plantes d’ornement aux infinies variations de formes et de couleurs, ils ouvrent un véritable couloir écologique entre la Coulée verte et le parc de Sceaux. Longs de plus de 400 mètres et larges de 30 à 45 mètres, intégrant une zone humide en partie haute, ils sont structurés par leurs neuf bassins de rétention d’eau de pluie. Les trois jardins à thème offrent différentes ambiances, allant du ludique à la détente et la contemplation.
  • La rue de Hanovre, une voie créée en référence aux allées du parc de Sceaux, est dotée de nombreux arbres variés dont les alignements décalés créent une canopée sous laquelle il fait bon se promener.
  • Le cours du Commerce se pare également d’arbres en quinconce produisant un bel effet de profusion végétale.
  • Le mail des Tilleuls, legs préservé en l’état de l’École Centrale, propose aux joueurs de pétanque et autres amateurs de douceur de vivre une pause bienvenue sous ses frondaisons.
  • Et la ferme urbaine : un hectare de cultures situé sur le côté Est du quartier.

Le promeneur

Tout cet environnement paysager profite pleinement au piéton. En voici un qui part de la ferme urbaine où il a participé à un atelier pédagogique. Il débouche sur le point haut des Jardins de LaVallée.

Sur sa droite, il emprunte le cours du Commerce pour faire quelques courses et déambuler tranquillement sur les larges trottoirs ombragés, il bifurque vers le mail des Tilleuls, traverse la place Centrale, puis reprend le cours pour descendre jusqu’à la place LaVallée et ses jeux de fontaine.

Sous les arbres de la rue de Hanovre, il marche sur des trottoirs parfaitement sécurisés car séparés des automobiles par des noues verdoyantes, et finit par prendre une petite venelle réservée aux circulations douces pour rentrer chez lui.

La fraîcheur

L’aménagement au naturel du quartier a également l’avantage, particulièrement utile en ces temps de réchauffement climatique, de créer des îlots de fraîcheur en s’appuyant sur cinq leviers :

  • L’eau
    En s’évaporant, l’eau refroidit l’air. C’est pourquoi un captage de l’eau à ciel ouvert a été développé sur l’ensemble du quartier, maillant l’espace d’une trame bleue assez dense. Le parcours de l’eau garantit ainsi un rafraîchissement des Jardins de LaVallée, des rues secondaires bordées de noues ainsi que des cœurs d’îlots intégrés à cette réflexion. La présence de jets d’eau sur la place LaVallée permet le rafraîchissement de ce secteur plus urbain et minéral.
  • La pleine terre
    La pleine terre offre un potentiel de rétention d’eau extrêmement intéressant, ce qui permet une évaporation relativement constante, régulant la température de l’air.
  • La végétation
    En rejetant de l’eau par évapotranspiration dans l’atmosphère, les plantes participent à son refroidissement. Une stratégie végétale forte a donc été menée sur le quartier pour végétaliser au maximum les espaces publics, des plus grands axes aux voies résidentielles.
  • L’ombre
    L’ombre est prodiguée par les divers aménagements privés ainsi que par la strate arborée massivement présente sur l’ensemble du quartier, de la place à la rue.
  • Les revêtements clairs et drainants
    Les revêtements de couleur claire absorbent et restituent moins de chaleur que les sombres. L’espace public est donc pavé de granit clair à de nombreux endroits, notamment le cours du Commerce et la place LaVallée.

 

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SOBRIÉTÉ HEUREUSE

LaVallée démontre que la sobriété est un concept parfaitement viable… et vivable. Le chantier de déconstruction de l’École Centrale a permis d’aller très loin dans la lutte contre le gaspillage avec le réemploi des équipements et des matériels trouvés sur place et le recyclage des matériaux des bâtiments démolis. Les bétons détruits ont été recyclés en sous-couches de voiries et en granulats à béton, pour les nouvelles constructions du quartier. Les terres recueillies sur place et dans le département ont servi pour la construction de l’école primaire… La même logique de sobriété est mise en œuvre pour le fonctionnement du quartier, avec un souci prégnant d’utiliser avec parcimonie les ressources naturelles et énergétiques tout en créant un environnement favorable à l’épanouissement de la biodiversité.

Petit tour d’horizon…

 

La géothermie

L’usage de la géothermie sera généralisé à l’ensemble du quartier : l’eau chaude et le chauffage des 2 200 logements, des commerces, des bureaux, de l’école primaire, du collège seront produits à 65% minimum par cette énergie renouvelable. Des différentes solutions étudiées, celle-ci a été jugée à la fois la plus frugale et la plus efficace : de l’eau à haute température est prélevée dans une nappe phréatique située à 1 800 mètres de profondeur et utilisée pour chauffer les eaux des réseaux sanitaire et de chauffage.

Cette solution séduisante pour la ville de Châtenay-Malabry sera d’ailleurs généralisée à l’ensemble des logements collectifs et des bâtiments publics de la commune. Un bon moyen, outre de générer de substantielles économies, d’aller vers une forme d’indépendance énergétique, sujet particulièrement d’actualité…

 

L’éclairage raisonné

Tous les éclairages urbains sont équipés de lampes LED, soit les lumières les plus économes en électricité. Des dispositifs de réglage d’intensité leur sont adjoints, permettant de réduire encore plus leur consommation. Au- delà de la sobriété énergétique, ces dispositifs permettent d’installer des éclairages différenciés et donc des ambiances différentes selon les lieux. Par exemple, les lumières sur les voies de circulation automobile sont relativement plus intenses que celles installées dans les venelles ou le long des cheminements au cœur de la promenade plantée…

Cette logique se retrouve dans le mobilier urbain : les grands candélabres tiennent le haut du pavé sur les grands axes, tandis que des diodes au niveau du sol et des luminaires de hauteur intermédiaire apportent des éclairages plus intimistes dans les espaces publics destinés à la promenade et à la détente. Le plan d’éclairage veille par ailleurs à préserver des « corridors noirs » dans le mail des Tilleuls et la promenade plantée, facilitant la vie nocturne des oiseaux, des insectes et même des mammifères, en phase avec l’un des objectifs de cette promenade : faire le lien entre la Coulée verte et le parc de Sceaux. Une sobriété lumineuse pour plus de qualité de vie et de biodiversité…

 

L’eau préservée

La gestion de l’eau dans les espaces publics vise également à préserver cette précieuse ressource. Les fosses des arbres, les noues paysagères le long des trottoirs, les bassins de la promenade plantée sont alimentés par les eaux pluviales savamment canalisées. Quant aux deux fontaines de la grande place, elles fonctionnent en circuit fermé : l’eau est propulsée dans les airs par les jets et les brumisateurs, puis est récupérée, recyclée, stockée dans un réservoir tampon, et à nouveau propulsée dans les airs…

 

Le principe retenu sur l’ensemble de la ZAC est celui de la collecte/stockage des eaux du domaine public et des parcelles existantes, et l’obligation aux privés de stocker leurs eaux pluviales. Ces dispositions en termes d’aménagement paysager permettent de générer la multiplication de milieux diversifiés par leur nature, leur fonction, ainsi que par la faune qu’ils attirent et la flore qui s’y développe. Cela constitue une source de déploiement de la biodiversité sur le site. Le nivellement permet le circuit des eaux de ruissellement à ciel ouvert, par le biais de noues végétalisées bordant les rues, et permettant d’éloigner les piétons des voitures. Cette eau circule ainsi jusqu’à son rejet dans les jardins de fraîcheur, dont le décaissé permet également la rétention des eaux de crues centennales.

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Un démonstrateur d’économie circulaire

 En 2017 la SEMOP Châtenay-Malabry Parc Centrale prend possession du site de l’École Centrale : un terrain de 18 hectares sur lequel sont répartis 35 bâtiments représentant 85 000 m2 de surface de plancher, des dizaines de milliers de tonnes de béton et des milliers d’objets et matériaux de second œuvre. Tout cela doit disparaître pour laisser place au futur écoquartier LaVallée. La facilité consisterait à tout démolir et à envoyer les déchets en décharge, comme cela se fait habituellement. Mais les concepteurs de LaVallée veulent changer les habitudes en transformant cette somme colossale de « rebuts » en un gisement de ressources. En abandonnant le vieux concept de démolition pour adopter celui, vertueux, de déconstruction : déconstruire avec méthode pour récupérer tout ce qui peut l’être… Retour sur cette aventure moderne avec Julien Sarthe, Directeur de Programmes chez Eiffage Aménagement, et Damien Orcel, Directeur de Projet et référent économie circulaire chez Ginger DELEO, le maître d’œuvre en charge du chantier de déconstruction…

 

Comment prépare-t-on un chantier de déconstruction ?

J.S Entre octobre 2017, date à laquelle nous avons acquis le site, et février 2018, quand ont débuté les premiers travaux de déconstruction, nous avons beaucoup travaillé avec le maître d’œuvre, la société Ginger DELEO, pour préparer le chantier de déconstruction. Avec un objectif central : en faire un démonstrateur d’économie circulaire.
D.O Nous avons été associés au projet très en amont. Dès l’appel d’offres, le maître d’ouvrage (la SEMOP) a été à la fois ambitieux et clair sur ses motivations. Il voulait tout tester : le réemploi, le recyclage, la réhabilitation… Il fallait montrer le plus possible ce qui pouvait être fait en économie circulaire. Ce qui nous a donc amenés à être très précis sur la nature des travaux : nous avons élaboré un cahier des charges exhaustif à destination des entreprises, détaillant la méthodologie et la chronologie des déconstructions de bâtiments pour qu’elles chiffrent leurs interventions en intégrant ces contraintes et ces objectifs ambitieux. En février 2018, ce chantier est le premier projet d’ampleur qui intègre une philosophie d’économie circulaire avec un tel niveau d’exigence envers ses partenaires.

 

Pour déconstruire, il faut procéder par étapes…

J.S Exactement. Après les travaux de dépollution du site, la première étape a été le réemploi. C’est-à-dire prendre dans les bâtiments tout ce qui pouvait être réutilisé soit en l’état, soit après avoir été reconditionné.
D.O Avant toute chose, nous avons commencé par établir un diagnostic ressource pour chaque bâtiment. Pour cela, nous avons travaillé avec RéaVie, un acteur de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) spécialisé dans la thématique du réemploi. RéaVie a dressé un catalogue de tout ce qui était réutilisable : un inventaire à la Prévert, avec des équipements électriques, des lampes, des tables, des chaises, mais aussi des vestiaires, des paniers de basket, du matériel de labo de chimie… que nous avons intégrés dans nos pièces de consultation aux côtés du diagnostic déchet listant les matériaux avec un potentiel de recyclage.
J.S Ensuite, les entreprises missionnées sur le chantier ont aidé RéaVie en prenant en charge la dépose sélective et méthodique de ces éléments. Elles étaient très loin de leur métier de démolisseurs, mais elles ont très bien joué le jeu.
D.O Effectivement… Et puis pour récupérer, préparer et vendre tous ces éléments, nous avons pu profiter du décalage de la déconstruction de l’un des bâtiments de l’École Centrale qui a été transformé en une plateforme Solid-R par RéaVie.

 

Une plateforme Solid-R ?

D.O C’est un concept mis en place par RéaVie : une plateforme physique où l’on stocke, revalorise et revend les éléments récupérés aux particuliers, aux associations et aux entreprises. C’est également, par nature, un lieu de formation et d’accueil du grand public, qui peut assister à des ateliers de sensibilisation, participer à des visites de chantier.
J.S Pour la revente, RéaVie est aussi beaucoup allé sur les brocantes et les marchés.
D.O Cette première étape de réemploi est déjà une fantastique avancée en termes de développement durable. C’est le modèle le plus « visible » de l’antigaspi : des matériaux, des objets étaient promis à la destruction alors qu’ils étaient en état de servir. Contre cette obsolescence programmée nous avons réussi, avec RéaVie, à leur donner une seconde vie.

 

Ensuite, il y a l’étape « Granulats »...

J.S Ce qui est intéressant, c’est de changer de regard sur des pratiques auxquelles on est habitué. Regarder un bâtiment en fin de vie, et arrêter de penser : décharge ou déchets. Et à la place imaginer : matériaux et ressources. Avec les bâtiments de l’École Centrale, nous avions à disposition un fantastique gisement de béton recyclable en granulats. Pour répondre notamment à notre objectif de labellisation écoquartier, nous avons programmé la construction des 1000premiers logements de LaVallée à partir d’une formule de béton incorporant 30% de granulats recyclés ; l’édification d’un bâtiment avec un béton à 100 % de granulats recyclés, en lieu et place des granulats naturels ; et nous avons orienté les granulats restants vers la fabrication des structures supports des espaces publics de l’écoquartier.
D.O Nous avons installé une unité de concassage sur le site pour convertir en granulats les murs, planchers et superstructures en béton des bâtiments. Là encore, nous avions un cahier des charges ambitieux : l’objectif fixé était de produire des granulats de grande qualité. Nous avons donc commencé par caractériser tous les bétons présents sur site, afin de déterminer leurs aptitudes au recyclage. Ensuite, les entreprises de travaux mobilisées ont produit deux types principaux de granulats : ceux utilisés pour fabriquer du béton et ceux pour la voirie.
J.S Les granulats de voirie sont plus fins et aussi plus faciles à produire : nous en produisions aux alentours de 1 300 tonnes par jour. Les granulats pour béton demandaient un travail plus abouti, ce qui limitait leur production à 500 – 600 tonnes par jour.
D.O Tous les granulats ont subi un cycle de transformation exigeant : concassage, puis soufflage pour éliminer les impuretés (plastiques, bois…), suivi d’une opération de scalpage-grattage pour les nettoyer proprement sans dépenser d’eau et enfin, criblage avec des tamis vibrants. Finalement, nous avons pu recycler 98% des bétons de l’école: les 2% restants correspondaient à des bétons mélangés à des déchets dangereux, donc irrécupérables.

 

Et vous avez produit du béton avec vos granulats…

D.O Oui, et la SEMOP a proposé d’installer une centrale à béton sur place… alimentée avec les granulats recyclés fournis. Le pourcentage de granulats recyclés admis dans la composition des bétons de superstructures varie selon leur qualité : eu égard à ce que nous avons produit, nous avons atteint le pourcentage maximal fixé par les normes d’alors : 30 %. La preuve qu’ils étaient d’excellente qualité.
J.S En tout, à la fin du chantier, nous aurons utilisé la moitié de nos granulats pour faire du béton. Ce qui aura permis la construction de 100000m2 de surface de plancher, soit la moitié de la surface de plancher totale du nouveau quartier. L’autre moitié de nos granulats a été utilisée pour les couches de forme inférieures, qui servent de support aux revêtements des espaces publics – trottoirs, chaussées..

 

Quel est le bilan de ce recyclage des bâtiments en granulats ?

J.S Je dirais qu’il y a deux bilans ; un bilan écologique et un bilan économique.

 

Quel est le bilan écologique ?

J.S Dans un premier temps, ces granulats autoproduits sur place sont autant de ressources qui n’ont pas été extraites d’une carrière, donc préservées, et autant d’énergie carbonée qui n’a pas été dépensée pour cela. Ensuite, le fait de ne pas envoyer en décharge les gravats des bâtiments déconstruits nous a permis d’éviter le passage de 6 000 camions benne soit un camion toutes les deux minutes de 8h du matin à 17h pendant un mois. De même, nous avons évité tous les camions qui auraient dû livrer l’équivalent de ces granulats à notre centrale à béton, ou encore le ballet de toupies qu’il aurait fallu mettre en place si nous n’avions pas installé de centrale à béton sur site… La réduction de notre impact carbone a donc été très significative.
D.O Nous avons aussi veillé à ce que la centrale à béton produise un béton plus responsable : nous avons réussi à travailler les liants avec moins d’eau, et nous avons également réduit les émissions de CO2, ce qui a eu pour effet de diminuer l’impact carbone de notre production de béton de 30 % par rapport à un béton classique. 

 

Et le bilan économique ?

J.S C’est un grand motif de satisfaction : avoir été vertueux sur le plan écologique nous a fait réaliser de substantielles économies sur plusieurs postes. Ne pas évacuer les gravats des bâtiments de l’École Centrale a généré une économie importante. Nos granulats, qu’ils soient destinés à la fabrication de béton ou à la voirie, nous ont coûté moitié moins cher que si nous les avions achetés sur le marché. Le béton produit sur site nous est également revenu à un prix inférieur de 5% à celui vendu par les centrales à béton sur les quais de Seine.
D.O Notre expérience a prouvé que mettre en place des solutions écologiques ne coûtait pas forcément plus cher, et pouvait même générer des économies. Notre plus grande récompense serait que notre exemple fasse modèle et donne des idées aux acteurs du BTP… c’est aujourd’hui un chantier démonstrateur à l’échelle nationale sur les possibilités concrètes de mise en place de l’économie circulaire. Il est très régulièrement mis en avant et cité. 

 

Comment les entreprises se sont- elles adaptées à vos demandes ?

D.O Les entreprises que nous avons sélectionnées pour ce chantier modèle de déconstruction ont compris dès l’appel d’offres que travailler sur notre projet constituait une belle opportunité : au-delà de l’intérêt financier pour toute entreprise de signer un contrat, elles ont vu dans notre appel d’offres l’occasion d’inventer avec nous une autre façon d’exercer leur métier. Je ne parlerai pas de révolution culturelle mais il y a quand même une différence palpable entre « démolir » et « déconstruire ». De productrices de déchets, elles sont devenues productrices de ressources.
J.S Nous voulions des entreprises partenaires ; elles l’ont été et sont même allées plus loin : elles ont été force de proposition. 

 

Vous aviez même mis en place un système de primes…

J.S Oui, nous avons voulu, là encore, innover. En général, dans le bâtiment, il y a un système de pénalités qui s’enclenche si l’entreprise ne remplit pas les objectifs qui lui sont fixés, par exemple en termes de délais… Ici, nous avons mis en place l’exact contraire, c’est-à-dire un système de primes qui pouvaient s’élever jusqu’à 2% du montant du marché attribué.
D.O Pour obtenir ces primes, il fallait que les entreprises soient performantes, mais aussi qu’elles nous aident à créer de nouveaux process de dépose, de réemploi, de recyclage, de traçabilité des déchets… Toutes ont touché des primes, signe manifeste qu’elles ont travaillé avec efficacité et motivation.
J.S Ce chantier leur a ouvert de nouveaux horizons et de nouveaux débouchés : elles peuvent désormais se présenter comme entreprises de déconstruction, ce qui est une vraie valeur ajoutée. Nous leur avons d’ailleurs délivré des certificats attestant des nouvelles compétences qu’elles ont acquises.

 

Y a-t-il sur le site des réalisations symboliques de votre engagement en économie circulaire ?

J.S Le groupe scolaire est un peu le totem de notre démarche : il est réalisé avec du bois et surtout, un béton de site : il a été élaboré avec la terre argileuse recueillie sur place et nos granulats recyclés, puis coulé dans les coffrages par couches successives de 10cm bien compactées. Il n’y a pas d’enduit sur les murs, afin que chacun puisse voir le processus de fabrication du bâtiment : c’est très impressionnant. Nous avons aussi en projet la construction d’une partie d’immeuble dans laquelle sera expérimenté un béton utilisant 100% de granulats recyclés. Un avis technique expérimental est en cours de délivrance par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) : les superstructures du premier niveau seront faites avec un béton à 30 % de granulats recyclés, celles des niveaux supérieurs le seront avec un béton à 100 % de granulats recyclés.

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Une ville qui respire

Nappes phréatiques, sol fertile, climat et relief favorables : Châtenay-Malabry a toujours bénéficié d’un environnement idéal pour le monde végétal, et de grandes familles d’horticulteurs y ont pris racine sur plusieurs générations. Châtenay-Malabry produisait alors avec constance et profusion camélias, hortensias, azalées, cyclamens, fraises, arbres fruitiers… La ville a su garder une très grande part de ce tropisme végétal avec plus de la moitié de sa superficie occupée par des espaces verts et des parcs. La « Ville-Parc » est l’une des plus vertes de la petite couronne et des plus fleuries du département ; les trois fleurs du label « Villes et Villages Fleuris » en attestent. Une juste récompense pour une Municipalité qui s’attache à utiliser des produits biologiques pour désherber les trottoirs et les espaces verts, et qui a mis en place une gestion raisonnée de l’arrosage via l’installation de capteurs d’eau de pluie…

Parmi quelques incontournables de la « Ville-Parc » traversée par la Coulée verte, citons les 56 hectares de la Vallée-aux-Loups avec l’arboretum et sa collection unique de 500 arbres. Classé à l’inventaire des sites pittoresques, il se prévaut également d’une superbe collection de bonsaïs et, dans un autre ordre de grandeur, du célèbre Cèdre Bleu pleureur de l’Atlas, âgé de 150 ans, dont la ramure s’étend sur… 900 m2. Il a été élu « Arbre de l’année 2015 » (Prix du Jury – Concours national annuel organisé par le magazine Terre Sauvage et l’Office National des Forêts).

Le promeneur ne manquera pas non plus d’aller visiter l’île verte créée sur 1,3 hectares par le poète Jules Barbier au XIXe siècle ; le parc de la Maison de Chateaubriand ; et à quelques pas seulement, le parc de Sceaux, la Forêt domaniale… et tant d’autres sites qui sont autant de poumons d’une ville… qui respire!

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Une ville dynamique
Participant à la qualité de vie à Châtenay-Malabry, la vie culturelle et les activités sportives et ludiques sont facilitées par les nombreux équipements dont elle est dotée. Ceux-ci proposent un éventail complet de pratiques sportives : des gymnases et des stades, un complexe sportif, des courts de tennis, et un terrain de pétanque. D’autres sont dédiés aux loisirs et à la culture. « La Piscine- L’Azimut », imposant pôle culturel regroupant le conservatoire de danse et de musique, fort de ses 1 200 élèves et de sa cinquantaine de professeurs ; et le théâtre pouvant accueillir jusqu’à 850 spectateurs. Le pavillon des Arts et du Patrimoine héberge plusieurs associations dédiées à l’art plastique. « Le REX », quant à lui, permet aux amateurs de cinéma de disposer de plusieurs salles, dont l’une est classée art et essai. Enfin, une belle médiathèque propose une offre consistante d’ouvrages littéraires, musicaux et numériques ainsi que des animations éclectiques. La vie culturelle et associative de Châtenay-Malabry est d’autant plus dynamique qu’elle est rythmée tout au long de l’année par un large programme de concerts, de spectacles de danse, de théâtre, de divertissements… sans oublier le marché de Noël avec sa piste de luge et de ski qui attire chaque année de nombreux visiteurs. Enfin, les commerces variés et les restaurants participent activement à la vitalité et à la convivialité de la vie quotidienne, sans oublier le marché du centre-ville, qui se tient deux fois par semaine.
[…]
Au naturel avec…

L’écoquartier LaVallée est voulu comme un modèle d’éco-urbanisme, riche d’un environnement végétalisé fonctionnant le plus naturellement possible. De la gestion des eaux pluviales, source de vie, à la création des espaces verts en passant par l’implantation d’îlots de fraîcheur, tout est pensé de façon globale et interdépendante pour installer un cadre de vie à la fois agréable pour les habitants et abouti en termes de développement durable

 

La pluie

Nul besoin de tuyaux ni de pompes pour canaliser et exploiter les eaux pluviales de LaVallée. Les tracés et les profils des rues sont dessinés pour les acheminer par gravité jusqu’à une série de bassins qui traversent le quartier d’est en ouest : les Jardins de LaVallée. Au point le plus bas de ces jardins, le trop plein d’eau est déversé dans un exutoire.

La configuration des rues et des parties privées est par ailleurs conçue pour capter une bonne partie de cette eau avant qu’elle n’arrive aux bassins. Dans les rues et venelles, les terres des jardins décaissés et des noues – versions élaborées des antiques fossés – absorbent et stockent de la pluie qui abreuve ensuite les espèces végétales qui y sont plantées. Sur le cours du Commerce, les rigoles dirigent la pluie vers les fosses des arbres ; un système de surverse renvoie l’éventuel excès d’eau vers les bassins. Tous les terrains privés sont également conçus pour stocker une partie des précipitations.

 

Le végétal

Cette pluie qui coule naturellement et alimente les noues, les fosses d’arbres, les jardins, donne vie à une foisonnante végétation. Dans la rue, sur les places, sur les toits, dans les jardins privés des immeubles, partout elle habite le quartier et crée un 100 environnement à la fois apaisant et divers, offrant un spectacle changeant au fil des saisons. La moitié des espaces publics sont à dominante végétale, autant de havres propices au développement de la biodiversité.

  • Les Jardins de LaVallée, l’un des espaces verts les plus emblématiques de l’écoquartier, dessinent une grande promenade plantée d’est en ouest. Riches d’une large palette d’arbres, arbustes et plantes d’ornement aux infinies variations de formes et de couleurs, ils ouvrent un véritable couloir écologique entre la Coulée verte et le parc de Sceaux. Longs de plus de 400 mètres et larges de 30 à 45 mètres, intégrant une zone humide en partie haute, ils sont structurés par leurs neuf bassins de rétention d’eau de pluie. Les trois jardins à thème offrent différentes ambiances, allant du ludique à la détente et la contemplation.
  • La rue de Hanovre, une voie créée en référence aux allées du parc de Sceaux, est dotée de nombreux arbres variés dont les alignements décalés créent une canopée sous laquelle il fait bon se promener.
  • Le cours du Commerce se pare également d’arbres en quinconce produisant un bel effet de profusion végétale.
  • Le mail des Tilleuls, legs préservé en l’état de l’École Centrale, propose aux joueurs de pétanque et autres amateurs de douceur de vivre une pause bienvenue sous ses frondaisons.
  • Et la ferme urbaine : un hectare de cultures situé sur le côté Est du quartier.

Le promeneur

Tout cet environnement paysager profite pleinement au piéton. En voici un qui part de la ferme urbaine où il a participé à un atelier pédagogique. Il débouche sur le point haut des Jardins de LaVallée.

Sur sa droite, il emprunte le cours du Commerce pour faire quelques courses et déambuler tranquillement sur les larges trottoirs ombragés, il bifurque vers le mail des Tilleuls, traverse la place Centrale, puis reprend le cours pour descendre jusqu’à la place LaVallée et ses jeux de fontaine.

Sous les arbres de la rue de Hanovre, il marche sur des trottoirs parfaitement sécurisés car séparés des automobiles par des noues verdoyantes, et finit par prendre une petite venelle réservée aux circulations douces pour rentrer chez lui.

La fraîcheur

L’aménagement au naturel du quartier a également l’avantage, particulièrement utile en ces temps de réchauffement climatique, de créer des îlots de fraîcheur en s’appuyant sur cinq leviers :

  • L’eau
    En s’évaporant, l’eau refroidit l’air. C’est pourquoi un captage de l’eau à ciel ouvert a été développé sur l’ensemble du quartier, maillant l’espace d’une trame bleue assez dense. Le parcours de l’eau garantit ainsi un rafraîchissement des Jardins de LaVallée, des rues secondaires bordées de noues ainsi que des cœurs d’îlots intégrés à cette réflexion. La présence de jets d’eau sur la place LaVallée permet le rafraîchissement de ce secteur plus urbain et minéral.
  • La pleine terre
    La pleine terre offre un potentiel de rétention d’eau extrêmement intéressant, ce qui permet une évaporation relativement constante, régulant la température de l’air.
  • La végétation
    En rejetant de l’eau par évapotranspiration dans l’atmosphère, les plantes participent à son refroidissement. Une stratégie végétale forte a donc été menée sur le quartier pour végétaliser au maximum les espaces publics, des plus grands axes aux voies résidentielles.
  • L’ombre
    L’ombre est prodiguée par les divers aménagements privés ainsi que par la strate arborée massivement présente sur l’ensemble du quartier, de la place à la rue.
  • Les revêtements clairs et drainants
    Les revêtements de couleur claire absorbent et restituent moins de chaleur que les sombres. L’espace public est donc pavé de granit clair à de nombreux endroits, notamment le cours du Commerce et la place LaVallée.
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Sobriété heureuse

LaVallée démontre que la sobriété est un concept parfaitement viable… et vivable. Le chantier de déconstruction de l’École Centrale a permis d’aller très loin dans la lutte contre le gaspillage avec le réemploi des équipements et des matériels trouvés sur place et le recyclage des matériaux des bâtiments démolis. Les bétons détruits ont été recyclés en sous-couches de voiries et en granulats à béton, pour les nouvelles constructions du quartier. Les terres recueillies sur place et dans le département ont servi pour la construction de l’école primaire… La même logique de sobriété est mise en œuvre pour le fonctionnement du quartier, avec un souci prégnant d’utiliser avec parcimonie les ressources naturelles et énergétiques tout en créant un environnement favorable à l’épanouissement de la biodiversité.

Petit tour d’horizon…

 

La géothermie

L’usage de la géothermie sera généralisé à l’ensemble du quartier : l’eau chaude et le chauffage des 2 200 logements, des commerces, des bureaux, de l’école primaire, du collège seront produits à 65% minimum par cette énergie renouvelable. Des différentes solutions étudiées, celle-ci a été jugée à la fois la plus frugale et la plus efficace : de l’eau à haute température est prélevée dans une nappe phréatique située à 1 800 mètres de profondeur et utilisée pour chauffer les eaux des réseaux sanitaire et de chauffage.

Cette solution séduisante pour la ville de Châtenay-Malabry sera d’ailleurs généralisée à l’ensemble des logements collectifs et des bâtiments publics de la commune. Un bon moyen, outre de générer de substantielles économies, d’aller vers une forme d’indépendance énergétique, sujet particulièrement d’actualité…

 

L’éclairage raisonné

Tous les éclairages urbains sont équipés de lampes LED, soit les lumières les plus économes en électricité. Des dispositifs de réglage d’intensité leur sont adjoints, permettant de réduire encore plus leur consommation. Au- delà de la sobriété énergétique, ces dispositifs permettent d’installer des éclairages différenciés et donc des ambiances différentes selon les lieux. Par exemple, les lumières sur les voies de circulation automobile sont relativement plus intenses que celles installées dans les venelles ou le long des cheminements au cœur de la promenade plantée…

Cette logique se retrouve dans le mobilier urbain : les grands candélabres tiennent le haut du pavé sur les grands axes, tandis que des diodes au niveau du sol et des luminaires de hauteur intermédiaire apportent des éclairages plus intimistes dans les espaces publics destinés à la promenade et à la détente. Le plan d’éclairage veille par ailleurs à préserver des « corridors noirs » dans le mail des Tilleuls et la promenade plantée, facilitant la vie nocturne des oiseaux, des insectes et même des mammifères, en phase avec l’un des objectifs de cette promenade : faire le lien entre la Coulée verte et le parc de Sceaux. Une sobriété lumineuse pour plus de qualité de vie et de biodiversité…

 

L’eau préservée

La gestion de l’eau dans les espaces publics vise également à préserver cette précieuse ressource. Les fosses des arbres, les noues paysagères le long des trottoirs, les bassins de la promenade plantée sont alimentés par les eaux pluviales savamment canalisées. Quant aux deux fontaines de la grande place, elles fonctionnent en circuit fermé : l’eau est propulsée dans les airs par les jets et les brumisateurs, puis est récupérée, recyclée, stockée dans un réservoir tampon, et à nouveau propulsée dans les airs…

 

Le principe retenu sur l’ensemble de la ZAC est celui de la collecte/stockage des eaux du domaine public et des parcelles existantes, et l’obligation aux privés de stocker leurs eaux pluviales. Ces dispositions en termes d’aménagement paysager permettent de générer la multiplication de milieux diversifiés par leur nature, leur fonction, ainsi que par la faune qu’ils attirent et la flore qui s’y développe. Cela constitue une source de déploiement de la biodiversité sur le site. Le nivellement permet le circuit des eaux de ruissellement à ciel ouvert, par le biais de noues végétalisées bordant les rues, et permettant d’éloigner les piétons des voitures. Cette eau circule ainsi jusqu’à son rejet dans les jardins de fraîcheur, dont le décaissé permet également la rétention des eaux de crues centennales.

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Un démonstrateur d’économie circulaire

En 2017 la SEMOP Châtenay-Malabry Parc Centrale prend possession du site de l’École Centrale : un terrain de 18 hectares sur lequel sont répartis 35 bâtiments représentant 85 000 m2 de surface de plancher, des dizaines de milliers de tonnes de béton et des milliers d’objets et matériaux de second œuvre. Tout cela doit disparaître pour laisser place au futur écoquartier LaVallée. La facilité consisterait à tout démolir et à envoyer les déchets en décharge, comme cela se fait habituellement. Mais les concepteurs de LaVallée veulent changer les habitudes en transformant cette somme colossale de « rebuts » en un gisement de ressources. En abandonnant le vieux concept de démolition pour adopter celui, vertueux, de déconstruction : déconstruire avec méthode pour récupérer tout ce qui peut l’être… Retour sur cette aventure moderne avec Julien Sarthe, Directeur de Programmes chez Eiffage Aménagement, et Damien Orcel, Directeur de Projet et référent économie circulaire chez Ginger DELEO, le maître d’œuvre en charge du chantier de déconstruction…

 

Comment prépare-t-on un chantier de déconstruction ?

J.S Entre octobre 2017, date à laquelle nous avons acquis le site, et février 2018, quand ont débuté les premiers travaux de déconstruction, nous avons beaucoup travaillé avec le maître d’œuvre, la société Ginger DELEO, pour préparer le chantier de déconstruction. Avec un objectif central : en faire un démonstrateur d’économie circulaire.
D.O Nous avons été associés au projet très en amont. Dès l’appel d’offres, le maître d’ouvrage (la SEMOP) a été à la fois ambitieux et clair sur ses motivations. Il voulait tout tester : le réemploi, le recyclage, la réhabilitation… Il fallait montrer le plus possible ce qui pouvait être fait en économie circulaire. Ce qui nous a donc amenés à être très précis sur la nature des travaux : nous avons élaboré un cahier des charges exhaustif à destination des entreprises, détaillant la méthodologie et la chronologie des déconstructions de bâtiments pour qu’elles chiffrent leurs interventions en intégrant ces contraintes et ces objectifs ambitieux. En février 2018, ce chantier est le premier projet d’ampleur qui intègre une philosophie d’économie circulaire avec un tel niveau d’exigence envers ses partenaires.

 

Pour déconstruire, il faut procéder par étapes…

J.S Exactement. Après les travaux de dépollution du site, la première étape a été le réemploi. C’est-à-dire prendre dans les bâtiments tout ce qui pouvait être réutilisé soit en l’état, soit après avoir été reconditionné.
D.O Avant toute chose, nous avons commencé par établir un diagnostic ressource pour chaque bâtiment. Pour cela, nous avons travaillé avec RéaVie, un acteur de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) spécialisé dans la thématique du réemploi. RéaVie a dressé un catalogue de tout ce qui était réutilisable : un inventaire à la Prévert, avec des équipements électriques, des lampes, des tables, des chaises, mais aussi des vestiaires, des paniers de basket, du matériel de labo de chimie… que nous avons intégrés dans nos pièces de consultation aux côtés du diagnostic déchet listant les matériaux avec un potentiel de recyclage.
J.S Ensuite, les entreprises missionnées sur le chantier ont aidé RéaVie en prenant en charge la dépose sélective et méthodique de ces éléments. Elles étaient très loin de leur métier de démolisseurs, mais elles ont très bien joué le jeu.
D.O Effectivement… Et puis pour récupérer, préparer et vendre tous ces éléments, nous avons pu profiter du décalage de la déconstruction de l’un des bâtiments de l’École Centrale qui a été transformé en une plateforme Solid-R par RéaVie.

 

Une plateforme Solid-R ?

D.O C’est un concept mis en place par RéaVie : une plateforme physique où l’on stocke, revalorise et revend les éléments récupérés aux particuliers, aux associations et aux entreprises. C’est également, par nature, un lieu de formation et d’accueil du grand public, qui peut assister à des ateliers de sensibilisation, participer à des visites de chantier.
J.S Pour la revente, RéaVie est aussi beaucoup allé sur les brocantes et les marchés.
D.O Cette première étape de réemploi est déjà une fantastique avancée en termes de développement durable. C’est le modèle le plus « visible » de l’antigaspi : des matériaux, des objets étaient promis à la destruction alors qu’ils étaient en état de servir. Contre cette obsolescence programmée nous avons réussi, avec RéaVie, à leur donner une seconde vie.

 

Ensuite, il y a l’étape « Granulats »...

J.S Ce qui est intéressant, c’est de changer de regard sur des pratiques auxquelles on est habitué. Regarder un bâtiment en fin de vie, et arrêter de penser : décharge ou déchets. Et à la place imaginer : matériaux et ressources. Avec les bâtiments de l’École Centrale, nous avions à disposition un fantastique gisement de béton recyclable en granulats. Pour répondre notamment à notre objectif de labellisation écoquartier, nous avons programmé la construction des 1000premiers logements de LaVallée à partir d’une formule de béton incorporant 30% de granulats recyclés ; l’édification d’un bâtiment avec un béton à 100 % de granulats recyclés, en lieu et place des granulats naturels ; et nous avons orienté les granulats restants vers la fabrication des structures supports des espaces publics de l’écoquartier.
D.O Nous avons installé une unité de concassage sur le site pour convertir en granulats les murs, planchers et superstructures en béton des bâtiments. Là encore, nous avions un cahier des charges ambitieux : l’objectif fixé était de produire des granulats de grande qualité. Nous avons donc commencé par caractériser tous les bétons présents sur site, afin de déterminer leurs aptitudes au recyclage. Ensuite, les entreprises de travaux mobilisées ont produit deux types principaux de granulats : ceux utilisés pour fabriquer du béton et ceux pour la voirie.
J.S Les granulats de voirie sont plus fins et aussi plus faciles à produire : nous en produisions aux alentours de 1 300 tonnes par jour. Les granulats pour béton demandaient un travail plus abouti, ce qui limitait leur production à 500 – 600 tonnes par jour.
D.O Tous les granulats ont subi un cycle de transformation exigeant : concassage, puis soufflage pour éliminer les impuretés (plastiques, bois…), suivi d’une opération de scalpage-grattage pour les nettoyer proprement sans dépenser d’eau et enfin, criblage avec des tamis vibrants. Finalement, nous avons pu recycler 98% des bétons de l’école: les 2% restants correspondaient à des bétons mélangés à des déchets dangereux, donc irrécupérables.

 

Et vous avez produit du béton avec vos granulats…

D.O Oui, et la SEMOP a proposé d’installer une centrale à béton sur place… alimentée avec les granulats recyclés fournis. Le pourcentage de granulats recyclés admis dans la composition des bétons de superstructures varie selon leur qualité : eu égard à ce que nous avons produit, nous avons atteint le pourcentage maximal fixé par les normes d’alors : 30 %. La preuve qu’ils étaient d’excellente qualité.
J.S En tout, à la fin du chantier, nous aurons utilisé la moitié de nos granulats pour faire du béton. Ce qui aura permis la construction de 100000m2 de surface de plancher, soit la moitié de la surface de plancher totale du nouveau quartier. L’autre moitié de nos granulats a été utilisée pour les couches de forme inférieures, qui servent de support aux revêtements des espaces publics – trottoirs, chaussées..

 

Quel est le bilan de ce recyclage des bâtiments en granulats ?

J.S Je dirais qu’il y a deux bilans ; un bilan écologique et un bilan économique.

 

Quel est le bilan écologique ?

J.S Dans un premier temps, ces granulats autoproduits sur place sont autant de ressources qui n’ont pas été extraites d’une carrière, donc préservées, et autant d’énergie carbonée qui n’a pas été dépensée pour cela. Ensuite, le fait de ne pas envoyer en décharge les gravats des bâtiments déconstruits nous a permis d’éviter le passage de 6 000 camions benne soit un camion toutes les deux minutes de 8h du matin à 17h pendant un mois. De même, nous avons évité tous les camions qui auraient dû livrer l’équivalent de ces granulats à notre centrale à béton, ou encore le ballet de toupies qu’il aurait fallu mettre en place si nous n’avions pas installé de centrale à béton sur site… La réduction de notre impact carbone a donc été très significative.
D.O Nous avons aussi veillé à ce que la centrale à béton produise un béton plus responsable : nous avons réussi à travailler les liants avec moins d’eau, et nous avons également réduit les émissions de CO2, ce qui a eu pour effet de diminuer l’impact carbone de notre production de béton de 30 % par rapport à un béton classique. 

 

Et le bilan économique ?

J.S C’est un grand motif de satisfaction : avoir été vertueux sur le plan écologique nous a fait réaliser de substantielles économies sur plusieurs postes. Ne pas évacuer les gravats des bâtiments de l’École Centrale a généré une économie importante. Nos granulats, qu’ils soient destinés à la fabrication de béton ou à la voirie, nous ont coûté moitié moins cher que si nous les avions achetés sur le marché. Le béton produit sur site nous est également revenu à un prix inférieur de 5% à celui vendu par les centrales à béton sur les quais de Seine.
D.O Notre expérience a prouvé que mettre en place des solutions écologiques ne coûtait pas forcément plus cher, et pouvait même générer des économies. Notre plus grande récompense serait que notre exemple fasse modèle et donne des idées aux acteurs du BTP… c’est aujourd’hui un chantier démonstrateur à l’échelle nationale sur les possibilités concrètes de mise en place de l’économie circulaire. Il est très régulièrement mis en avant et cité. 

 

Comment les entreprises se sont- elles adaptées à vos demandes ?

D.O Les entreprises que nous avons sélectionnées pour ce chantier modèle de déconstruction ont compris dès l’appel d’offres que travailler sur notre projet constituait une belle opportunité : au-delà de l’intérêt financier pour toute entreprise de signer un contrat, elles ont vu dans notre appel d’offres l’occasion d’inventer avec nous une autre façon d’exercer leur métier. Je ne parlerai pas de révolution culturelle mais il y a quand même une différence palpable entre « démolir » et « déconstruire ». De productrices de déchets, elles sont devenues productrices de ressources.
J.S Nous voulions des entreprises partenaires ; elles l’ont été et sont même allées plus loin : elles ont été force de proposition. 

 

Vous aviez même mis en place un système de primes…

J.S Oui, nous avons voulu, là encore, innover. En général, dans le bâtiment, il y a un système de pénalités qui s’enclenche si l’entreprise ne remplit pas les objectifs qui lui sont fixés, par exemple en termes de délais… Ici, nous avons mis en place l’exact contraire, c’est-à-dire un système de primes qui pouvaient s’élever jusqu’à 2% du montant du marché attribué.
D.O Pour obtenir ces primes, il fallait que les entreprises soient performantes, mais aussi qu’elles nous aident à créer de nouveaux process de dépose, de réemploi, de recyclage, de traçabilité des déchets… Toutes ont touché des primes, signe manifeste qu’elles ont travaillé avec efficacité et motivation.
J.S Ce chantier leur a ouvert de nouveaux horizons et de nouveaux débouchés : elles peuvent désormais se présenter comme entreprises de déconstruction, ce qui est une vraie valeur ajoutée. Nous leur avons d’ailleurs délivré des certificats attestant des nouvelles compétences qu’elles ont acquises.

 

Y a-t-il sur le site des réalisations symboliques de votre engagement en économie circulaire ?

J.S Le groupe scolaire est un peu le totem de notre démarche : il est réalisé avec du bois et surtout, un béton de site : il a été élaboré avec la terre argileuse recueillie sur place et nos granulats recyclés, puis coulé dans les coffrages par couches successives de 10cm bien compactées. Il n’y a pas d’enduit sur les murs, afin que chacun puisse voir le processus de fabrication du bâtiment : c’est très impressionnant. Nous avons aussi en projet la construction d’une partie d’immeuble dans laquelle sera expérimenté un béton utilisant 100% de granulats recyclés. Un avis technique expérimental est en cours de délivrance par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) : les superstructures du premier niveau seront faites avec un béton à 30 % de granulats recyclés, celles des niveaux supérieurs le seront avec un béton à 100 % de granulats recyclés.

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A. VAN COP

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